Migrants bloqués en mer : Les gouvernements européens marchandent des vies humaines, accuse MSF

Les gouvernements européens doivent cesser de marchander des vies humaines, appelle dimanche Médecins Sans Frontières (MSF) alors que les 630 migrants secourus par l'Aquarius arrivent enfin à Valence après un périple long d'une semaine.
par
Marie
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La semaine dernière, le gouvernement italien avait décidé de fermer ses ports, empêchant ces réfugiés de débarquer de l'Aquarius, le navire affrété par SOS Méditerranée et MSF pour les sauver. Finalement, l'Espagne a accepté de les accueillir, ce qui a signifié un périple de 1.300 km pour atteindre le port de Valence.

MSF appelle les gouvernements européens à faire du sauvetage en mer une priorité alors qu'approche un Conseil européen, les 28 et 29 juin. «Ils doivent faciliter le désembarquement des rescapés dans les ports européens les plus sûrs et les plus proches, là où les personnes pourront accéder à une prise en charge adéquate», plaide l'ONG. L'Europe doit aussi «garantir que ceux qui doivent bénéficier des mécanismes de protection internationale pourront déposer une demande d'asile ou faire valoir leurs droits».

Plus de 500 noyés

MSF déplore que «les gouvernements européens ne cherchent pas à sauver la vie des migrants et des réfugiés en mer. Leur unique obsession est de fermer leurs portes et de renforcer leurs frontières». Elle rappelle qu'en 2018, plus de 500 personnes se sont déjà noyées dans les eaux de la Méditerranée centrale.

Elle exige l'arrêt «d'urgence» des tentatives d'empêcher les «initiatives non-gouvernementales de sauvetage en mer». Pour l'organisation, il faut plutôt mettre en place un «dispositif de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale dont l'objectif est de sauver des vies».

L'attitude de l'Italie dénoncée 

MSF dénonce également l'attitude de l'Italie, soulignant avoir insisté auprès de ses autorités pour qu'elles autorisent l'Aquarius à accoster dans le port le plus sûr et le proche. Celles-ci avaient tout d'abord laissé entendre que les personnes vulnérables seraient autorisées à débarquer. «Mais quand nous avons fourni une liste de près de 200 personnes - mineurs non accompagnés, malades et blessés, femmes enceintes et femmes seules avec enfants -, les autorités italiennes ont dit non», raconte Karline Kleijer, coordinatrice d'urgence pour MSF.

Les autorités ont ensuite demandé le transfert des femmes enceintes seulement «mais n'ont pas donné suite quand nous leur avons fait part des problèmes liés à la séparation des familles, et que nous leur avons demandé que ces femmes puissent être au moins accompagnées de leur mari».

«Il est scandaleux que les autorités italiennes aient fermé leurs ports à ces 630 rescapés et les ait fait errer en mer inutilement, au nom d'un choix politique», s'exclame Mme Kleijer. «Même si l'Italie a raison quand elle fait valoir que les gouvernements européens ne prennent pas leur part dans la prise en charge des réfugiés, rien ne justifie le traitement dégradant infligé aux passagers de l'Aquarius.»

MSF et SOS Méditerranée tiendront une conférence de presse ce dimanche à Valence à 17h30 HB.