Mondial 2018 : Nike et Adidas étrillés pour leur politique envers les ouvriers

Les équipementiers Nike et Adidas consacrent de plus en plus d'argent à parrainer des sportifs et rémunérer leurs actionnaires, mais toujours moins aux ouvriers, dénonce un rapport publié lundi par le collectif français «Ethique sur l'étiquette», membre du réseau européen Clean Clothes Campaign.
par
Maite
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Selon ce rapport, la course au «sponsoring» entre les deux marques, qui équipent 22 des 32 équipes en lice pour la Coupe du Monde de football qui commence jeudi en Russie, «n'a jamais été aussi vive». Adidas a négocié avec l'équipe d'Allemagne un contrat à 65 millions d'euros, tandis que Nike a signé en 2016 le premier contrat de sponsoring à vie avec le footballeur Cristiano Ronaldo pour 25 millions de dollars par an, souligne le rapport.

Il affirme que dans le même temps, les deux marques «continuent leur désengagement de la Chine, où les salaires tutoient des niveaux proches du salaire vital», au profit de pays comme l'Indonésie, le Cambodge ou le Vietnam, «où les salaires moyens sont inférieurs de 45% à 65% au salaire vital».

La part revenant aux ouvriers de plus en plus basse

Sur le prix d'une paire de chaussures, la part revenant aux ouvriers a baissé de 30% entre 1995 et 2017, affirme Ethique sur l'étiquette.

«Si les équipementiers sportifs avaient maintenu les mêmes montants de sponsoring des clubs de foot qu'en 2015, les 226 millions d'euros économisés auraient permis d'assurer un salaire décent à plus d'un million de travailleurs en Asie», fait remarquer le collectif. Celui-ci dénonce un modèle économique dont l'objectif central est «la maximisation des bénéfices afin de rémunérer toujours plus les actionnaires».

Le collectif exige des équipementiers «des pratiques garantissant un salaire vital aux ouvriers qui contribuent au premier plan à leur croissance économique sans égal dans le secteur».

Joint par l'AFP, Adidas a assuré «exiger que les employeurs paient au moins la rémunération prescrite par la loi ou négociée dans le cadre d'un processus de négociation collective». «Cependant, les salaires sont déterminés, outre les conditions économiques et le coût de la vie d'un pays, par les lois nationales, le nombre et la disponibilité des travailleurs dans le pays, les qualifications et les compétences du travailleur, la nature du secteur ou du secteur et la compétitivité de l'employeur», a ajouté la marque allemande, assurant que «le salaire net mensuel moyen des salariés dans les usines avec lesquelles Adidas travaille en Indonésie se situe bien au-dessus du salaire minimum actuel».

Également sollicité par l'AFP, Nike n'a pas donné suite dans l'immédiat.