Ciseaux génétiques, médecins robots, modification des gènes: c'est pour bientôt

Modifier ses gènes, se faire opérer par des robots... Entre questionnements complexes et fantasmes de science-fiction, tour d'horizon de thèmes débattus lors des États généraux de la bioéthique.
par
Laura
Temps de lecture 3 min.

- Examens génétiques et médecine génomique 

Prévoir avec plusieurs années d'avance l'apparition d'une maladie en repérant des gènes défectueux. Corriger des gènes dans l'embryon pour épargner au bébé une maladie héréditaire. Tout cela est encore impossible mais ne semble plus irréaliste. On peut déjà dépister la trisomie 21 dans l'ADN du foetus après une simple prise de sang chez la mère. Sur internet, des sociétés étrangères vendent des tests génétiques.

Et la recherche sur les gènes progresse à grands pas, grâce à un outil baptisé Crispr-Cas9. Ces ciseaux génétiques peuvent enlever et remplacer des parties indésirables du génome, comme on corrige une faute de frappe sur ordinateur.

Revers de la médaille: des inquiétudes éthiques dignes du "Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley, car l'ombre de l'eugénisme plane sur ces techniques. Comment garantir qu'elles ne serviront pas un jour à produire des bébés génétiquement modifiés afin de choisir la couleur de leurs cheveux ou d'augmenter leurs capacités intellectuelles?

- Cellules souches et recherches sur l'embryon 

Les cellules souches embryonnaires seront peut-être l'un des piliers de la médecine du futur. Capables de réparer ou remplacer des tissus endommagés, elles peuvent être multipliées à l'infini. Mais elles soulèvent aussi de nombreuses questions éthiques, car elles supposent de travailler sur des embryons.

Interdites sauf dérogation jusqu'en 2013, les recherches sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires humaines sont aujourd'hui strictement encadrées. Faut-il faire évoluer ce cadre?

- Neurosciences 

Grâce aux progrès des techniques d'exploration du cerveau, dont l'IRM (imagerie par résonance magnétique), on connaît un peu mieux le fonctionnement de cet organe aussi essentiel que mystérieux. Mais jusqu'où peut-on pousser les recherches en neurosciences, terme englobant toutes les disciplines qui étudient l'anatomie et le fonctionnement du système nerveux?

Cela rappelle des thèmes chers aux meilleurs auteurs de science-fiction. Pourra-t-on un jour lire dans le cerveau comme dans un livre ouvert, en connaissant tout de l'intimité du sujet? Modifier le fonctionnement cérébral, au risque d'avoir une caste de privilégiés au cerveau "augmenté"?

- Données de santé

Les données de santé collectées dans le cadre des soins sont couvertes par le secret médical et peuvent être utilisées pour la recherche. Mais hors de ce cadre, nombre de données sont recueillies via des applications grâce auxquelles on peut, par exemple, surveiller son poids ou son rythme cardiaque.

Cela pose des problèmes de confidentialité, alors que la protection des données personnelles sur internet et les réseaux sociaux comme Facebook est une question de première importance. Ces gigantesques masses de données représentent en effet un enjeu économique énorme.

- Intelligence artificielle et robotisation -

La robotisation transforme la médecine: des machines sont désormais capables de réaliser des tâches jusque-là réservées aux personnels soignants, comme par exemple des opérations très pointues de neurochirurgie ou d'urologie. La question que cela soulève est celle que posait le film "2001: l'Odyssée de l'espace": jusqu'où les robots doivent-ils remplacer les humains?

- Santé et environnement 

Pollution de l'air, pesticides, perturbateurs endocriniens... La crise écologique fait prendre conscience des conséquences que peut avoir la dégradation de l'environnement sur la santé. Et pose une question sans doute loin de trouver une réponse: comment protéger les générations futures?ti