Le burn-out existe aussi chez les moines japonais

Un moine japonais a engagé des poursuites judiciaires contre le temple dans lequel il officiait. Il dit avoir beaucoup trop travaillé, ce qui l'a conduit à endurer une sévère dépression. Il réclame des dommages et intérêts à hauteur de 8,6 millions de yens, soit l'équivalent de 65.000 euros.
par
Lucie.De.Perthuis
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Le temple en question est situé sur le Mont Koya, au sud d'Osaka, dans l'ouest du Japon. Ce site sacré dans la religion bouddhiste, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, abrite une centaine d'autres temples. Le moine en question a été embauché en 2008, et a commencé à ressentir les symptômes de la dépression à la fin de l'année 2015, selon son avocat.

17 heures de travail par jour

La dépression serait due au fait qu'il ait été forcé à accomplir des tâches qui dépassaient largement les devoirs spirituels traditionnellement effectués par les moines. Il affirme avoir parfois travaillé deux mois d'affilée sans aucun jour de repos. Il dit avoir parfois travaillé 17 heures par jour, sans aucune pause, durant cette période. Son travail consistait alors essentiellement à s'occuper des nombreux touristes.

«Quand vous travaillez en tant que moine, trop souvent vous n'avez pas d'heures fixes. Vous fournissez un travail, mais on vous dit que cela fait partie de la formation religieuse et que vous devez le supporter même si cela vous cause de grandes souffrances» déplore l'avocat du plaignant, Noritake Shirakura. Ce dernier affirme vouloir faire évoluer la condition des moines japonais, qu'il considère comme «dépassée».

Le surmenage professionnel : un mal national

La victime présumée a préféré garder l'anonymat par crainte de ne pas retrouver un temple pour l'accueillir. Ce genre d'affaires est particulièrement rare dans les milieux religieux. Toutefois, en 2017, un temple de Kyoto s'était excusé publiquement pour ne pas avoir payé des heures supplémentaires. Le temple, très célèbre dans la péninsule, avait aussi été accusé de harcèlement sur ses travailleurs.

En dehors du secteur religieux, le surmenage au travail est un vrai problème de santé publique au Japon, entraînant des conséquences parfois mortelles : accident vasculaire, crise cardiaque ou encore suicide. Ce phénomène porte aussi un nom : «karochi». Le burn-out japonais. Le gouvernement du Premier ministre japonais Shinzo Abe a mis en place des réformes afin de s'attaquer au problème.