Les donateurs se mobilisent à Bruxelles pour aider la Syrie

Les donateurs internationaux réunis à Bruxelles devraient promettre mercredi plusieurs milliards de dollars d'aide en faveur des millions de Syriens déplacés par la guerre afin de répondre aux besoins humanitaires urgents.
par
Marie
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L'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura a mis en garde mardi contre une nouvelle catastrophe humanitaire imminente dans la province d'Idleb, frontalière de la Turquie, où vivent plus de 2,5 millions de personnes dont une moitié de déplacés.

La conférence de «Bruxelles II» sur l'avenir de la Syrie et de la région, qui s'est ouverte mardi, a non seulement pour objectif de mobiliser des fonds, mais également d'encourager la relance des négociations à Genève, conduites sous l'égide de l'ONU et jusqu'à présent infructueuses.

L'ONU espère réunir huit milliards de dollars (7,3 milliards de dollars) pour venir en aide aux 6,1 millions de personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie et à plus de cinq millions de Syriens réfugiés dans les pays voisins, notamment en Turquie.

«Nous sommes désespérément à court de ressources», a déploré le chef de l'agence d'aide de l'ONU, l'UNOCHA, Mark Lowcock au cours d'un point de presse mardi. L'ONU n'a réussi à mobiliser que la moitié des fonds dont elle avait besoin en 2017. Or les promesses de dons avaient totalisé 7,5 milliards d'euros pour cette période.

Règlement politique

L'Union européenne souhaite consacrer la seconde journée de la conférence pour relancer les pourparlers de Genève. Les négociations n'ont guère progressé en huit cycles, car le régime de Bachar al-Assad n'est guère pressé de traiter avec ses opposants, divisés et affaiblis sur le terrain.

Le soutien militaire de Moscou et de Téhéran lui a permis de reprendre l'offensive et de s'emparer de plusieurs zones rebelles.

La Russie, l'Iran et la Turquie ont lancé un processus rival à Astana, la capitale du Kazakhstan, en mai 2017.

La haute-représentante de l'UE pour les Affaires étrangères Federica Mogherini et Staffan de Mistura ont tous deux appelé Moscou, Téhéran et Ankara à faire plus pour parvenir à un cessez-le-feu, mais leurs demandes sont restées sans réponses.

«Le message principal est que la Syrie n'est pas un échiquier, ce n'est pas un jeu géopolitique», a soutenu mardi Mme Mogherini.

Moscou a défendu à plusieurs reprises son allié syrien à l'ONU, notamment contre les accusations occidentales d'avoir lancé une attaque chimique le 7 avril à Douma, un ancien fief rebelle, près de Damas.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont mené des frappes le 14 avril contre trois sites servant, selon eux, au programme d'armement chimique du régime syrien.

«En exerçant son veto de l'ONU 12 fois sur la Syrie, (la Russie) a donné un feu vert à Assad pour perpétrer des atrocités contre son propre peuple», a accusé Penny Mordaunt, ministre britannique du Développement.

«Nous sommes ici pour répondre aux besoins humanitaires urgents en Syrie et dans l'ensemble de la région, mais nous savons tous ici que la seule solution pour mettre fin aux souffrances est un règlement politique qui apporte la paix», a plaidé Mme Mordaunt.

«Sans une transition politique crédible et durable, il ne saurait être question du financement de la reconstruction en Syrie», doit pour sa part rappeler le secrétaire d'Etat français auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne.

La France va également mettre en garde ses partenaires: «Nous devons dire non, empêcher la communauté internationale de devenir complice de ces crimes, ce qu'elle ne manquerait pas de devenir si elle s'engageait sur la voie des incitations économiques ou du financement d'actions de relèvement précoce dans les zones sous contrôle du régime», selon Paris.

Une réunion des membres du Conseil de sécurité de l'ONU dans une ferme isolée en Suède le week-end dernier a fait baisser la «température», mais n'a pas réussi à trouver une solution politique, a reconnu mardi Staffan de Mistura.