Trois leçons de sagesse venues en droite ligne du Japon

Le Japon est le pays des enseignes au néon, des guerriers samouraïs et des sushi, mais aussi de la sagesse. Voici les trois leçons de sagesse que le Pays du Soleil Levant nous a apprises au cours d'un voyage à Osaka et dans les provinces de Mie et de Wakayama.
par
Camille
Temps de lecture 4 min.

Les Japonais sont connus pour être des travailleurs acharnés, mais c'est à Osaka que vivent les plus grands épicuriens du pays. La ville portuaire a juré allégeance à la culture kuidaore, ce qui signifie «manger jusqu'à en être pauvre». À chaque coin de rue, on y trouve en effet des restaurants ou des échoppes de restauration.

L'épicentre absolu du chef-lieu gastronomique est D?tonbori. Dans le temps, c'était un quartier culturel avec plusieurs théâtres, où les restaurants et cafés devaient attirer plus de gens. Aujourd'hui, son labyrinthe de rues est devenu une véritable jungle d'enseignes au néon, d'échoppes de restauration avec de gigantesques panneaux publicitaires lumineux, de petites boutiques et de petits casinos dans lesquels vous pouvez gagner toutes sortes de bibelots.Le contraste ne peut pas être plus grand avec un restaurant traditionnel, comme O-noya. Il y règne une ambiance sobre et discrète. Avant d'y pénétrer, vous devez troquer vos chaussures pour des pantoufles. Les plats sont servis sur une horigotatsu – une longue table basse – sans trop de tralalas et, par après, vous pouvez vous relaxer dans un jardin zen. Les plats y sont soignés jusque dans les moindres détails. Chacun est une véritable œuvre d'art, c'est le paradis des foodies qui aiment se montrer sur Instagram.

Ph. D.R.

«Pour vivre longtemps faites de la plongée»

Dans le village côtier d'Osatu dans la région d'Ise-Shima, les perles, qui y sont directement pêchées en mer, sont au centre de tout. Et les plongeurs qui attrapent l'abalone – un mollusque gastéropode visqueux qui produit des perles – sont des femmes, les ama, ici de la cabane Hachima. Elles sont âgées de 60 à 70 ans. La plus âgée a 90 ans et plonge depuis plus de 70 ans quasi tous les jours dans la mer. En raison de leur entraînement de plusieurs dizaines d'années, elles ont d'ailleurs développé une technique qui leur permet de bloquer leur respiration pendant une minute. Avant, elles plongeaient dans leur tenue traditionnelle, mais aujourd'hui elles se protègent avec des combinaisons de plongée.

C'est une activité qui conserve car ces femmes ne font pas du tout leur âge. Il y a beaucoup d'éléments qui y contribuent: du poisson frais au menu chaque jour, beaucoup d'exercice physique et d'heures passées à l'extérieur dans l'air marin vivifiant. Les femmes imputent leur bonne santé à leur cohésion. Après la plongée, elles cuisent du poisson ensemble autour d'un feu, elles bavardent et elles dansent.

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Les plongeuses sont une espèce en voie de disparition. Aussi vitales qu'elles puissent être, leur succession n'est pas assurée. La plus jeune a une vingtaine d'années, mais elle est plutôt l'exception que la règle. De plus, les ama sont soumises à la pression de la pêche industrielle. Raison pour laquelle elles se tournent maintenant aussi vers les touristes. Elles exploitent désormais leur cabane comme restaurant et des navettes de bus spéciales ont été créées pour les touristes. Même si leur dépliant renseigne qu'on y dispose d'une connexion wifi, cela ne nuit en rien à l'authenticité. Ces femmes joyeuses, qui ne parlent pratiquement pas anglais, restent fidèles à leur mode de vie et leur appartenance communautaire, et sont des hôtesses idéales.

«À chaque mal son dieu»

Depuis plus de mille ans, les Japonais de toutes les couches de la population partent en pèlerinage à Kumano, une des régions les plus spirituelles du pays. Kumano Kodo est un célèbre réseau de cinq routes de pèlerinage vers et dans les montagnes de Kii, la plus grande péninsule du Japon. Ce réseau fait d'ailleurs partie du patrimoine mondial de l'Unesco, comme le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Les sentiers traversent la région montagneuse du Kansai et relient d'importants témoins de l'héritage religieux.

Vous ralliez en chemin trois grands sanctuaires et un temple shinto. Le shintoïsme, l'une des plus anciennes religions du pays, prie les esprits de la nature et est fortement ancré dans la société. La plupart des Japonais sont adeptes tant du shintoïsme que du bouddhisme. Tout le monde peut s'adresser aux dieux, même les touristes occidentaux, à condition de s'être purifié dans les règles. Après c'est juste une question d'attirer l'attention des esprits. Vous le faites en jetant une pièce de monnaie, en vous inclinant deux fois, en frappant dans les mains deux fois pour les éveiller, en exprimant votre souhait et, enfin, en vous inclinant encore une fois pour remercier.

Sur les routes, vous trouvez aussi toutes sortes d'ojio (petits sanctuaires) pour des dieux spécifiques. Vous pouvez vous adresser à eux avec le même rituel pour toutes sortes de petits maux, comme le mal de dos, ou pour une aide par exemple pour un accouchement rapide.

Si vous n'êtes pas en quête spirituelle, vous pouvez simplement faire la randonnée pour l'expérience. Les sentiers traversent la magnifique nature japonaise et, en chemin, vous découvrirez la vie à la campagne dans toute sa simplicité. Un endroit idéal pour se ressourcer.

En pratique

• Finnair opère des vols tous les jours de Bruxelles à Osaka.

• D'Osaka, vous pouvez prendre le train Kintetsu express vers Kyoto, Kobe, Ise-Shima et Nagoya notamment.

• De la gare de Toba, des navettes de bus vous amènent à la cabane des ama Hachiman.

• Vous trouverez de plus amples informations sur le Kumano Kodo au Kumano Hongu World Heritage Center.