Un 1.000e artisan officiellement reconnu

Depuis 2016, une loi fixe les modalités permettant à un professionnel de se faire reconnaître comme «artisan». Le millième artisan, qui est une artisane, vient d'obtenir son statut.
par
Camille
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Le travail des artisans est souvent apprécié des consommateurs. Produits faits à la main et en Belgique, travail soigné, et qualité leur valent souvent une reconnaissance et une certaine admiration de la part des consommateurs. Mais il a fallu attendre 2016 pour qu'un statut officiel leur soit accordé.

Un artisan est ainsi, selon la loi, «une personne physique ou morale active dans la production, la transformation, la réparation, la restauration d'objets, la prestation de services dont les activités présentent des aspects essentiellement manuels, un caractère authentique». Ce statut ne peut être attribué qu'à une société comptant moins de 20 travailleurs. Boulanger, créateurs de vêtements et accessoire ou encore restaurateur du patrimoine peuvent ainsi faire reconnaître leurs spécificités.

Besoin de reconnaissance et protection du métier

Le 1.000e artisan vient d'être reconnu par la Commission dédiée. «C'est un succès», estime Denis Ducarme (MR), le ministre des PME. «Ce chiffre témoigne du besoin des artisans de faire reconnaître leurs compétences, ainsi que le fait que leurs métiers racontent une histoire et la sauvegardent.»

Outre la reconnaissance de son travail, l'artisan est repris dans un registre particulier, peut porter un logo spécifique, et bénéficier de certaines mesures de soutien. «Les artisans sont les ambassadeurs du ‘Made in Belgium', dont la qualité n'est plus à démontrer. Ce savoir-faire mérite d'être mis en lumière, mais aussi et surtout d'être protégé», souligne le cabinet du ministre des PME. À partir de 2018, seul l'artisan reconnu pourra participer à la journée de l'artisan organisé par le SPF Économie.

«Les artisans sont les gardiens d'un savoir-faire»

Brigitte Evers est la 1.000e artisane officiellement reconnue en Belgique. Elle voit ce statut comme «une façon de protéger le métier et le travail de qualité».

Ph. D.R.

Quels avantages apportent le statut d'artisan pour un indépendant?

«C'est une reconnaissance de la qualité du travail que nous effectuons. Le travail effectué par les professionnels relevant de l'artisanat est un travail de grande qualité. Il fallait donc le protéger face à des formes de concurrence pas toujours loyales. Prenons, par exemple, un créateur de bijou, ou bien un artisan qui travaille le cuir. Le statut apporte la garantie au client que son produit a été fabriqué ici, en Belgique, et à la main. Il achète donc un objet porteur d'un sens et d'une histoire, que n'aura pas sa photocopie ‘Made in China'.»

Vous êtes restauratrice d'art. Comment votre secteur bénéficie-t-il de la reconnaissance apportée par le statut d'artisan?

«Il y a quelques années, je travaillais à la restauration de fresques murales. Le client m'avait fait remarquer qu'il était possible d'acheter des fresques imprimées sur toile à très bas prix, puis de les apposer sur les murs. Il s'agissait de produits fabriqués en série en Chine. C'est au client de choisir, bien sûr. Mais des fresques qui ne sont que des copies n'auront jamais le charme de véritables fresques du 18e siècle, ou de fresques réalisées avec les mêmes outils et les mêmes techniques. Les artisans sont les gardiens d'une histoire et d'un savoir-faire, et la garantie d'un travail bien fait. C'est important pour le client, car cela lui évite de payer une entreprise qui réalisera un travail de piètre qualité, puis de devoir payer un artisan pour réparer les dégâts.»

Ce statut peut donc être vu comme un avantage commercial?

«C'est évidemment un atout que nous pouvons mettre en avant auprès d'un client. L'autre point important, c'est que ce statut sera prochainement indispensable pour participer à la journée des artisans. C'est un temps fort de l'année pour tous les artisans, puisque c'est un moment où nous partageons notre savoir-faire.»