Dadju: «J'ai honte de l'échec»

Double disque de platine en France, Dadju est de passage à la Madeleine le 2 mai prochain pour un concert sold out depuis déjà trois mois. Une ville que l'artiste connaît bien et où il viendra présenter son premier album solo ‘Gentleman 2.0.' En attendant, il s'est confié à Metro sur cette nouvelle carrière qui s'annonce aussi prometteuse que celle de son grand frère Maître Gims.
par
Laura
Temps de lecture 3 min.

C'est quoi d'être un gentleman 2.0. ?

«C'est quelqu'un qui a du mal à exprimer ses sentiments, à dire ‘je t'aime'. Quelqu'un de pudique mais qui est toujours là pour ses proches et sa famille, qui montre son amour par ses actes plutôt que par ses mots.»

Pourtant l'album reflète complètement le contraire.

«Parce que c'est plus facile pour moi de le dire en musique. C'est comme si c'était un autre personnage qui parlait à ma place. Je n'arrive pas à le dire mais j'arrive à le chanter.»

Vous aviez besoin de vous livrer?

«Je trouve que c'est important pour un premier album de se confier, de se livrer, dire qui on est, ce qu'on aime ou pas. C'est pour ça que cet album est très personnel.»

Comment avez-vous débuté dans la musique?

«C'est en accompagnant Maître Gims en studio. Un jour, il m'a proposé de faire un son avec lui. On l'a fait écouter à notre entourage et les gens m'ont encouragé à continuer. C'est là que j'ai rencontré Abou Tall et qu'on a créé le groupe The Shin Sekai. Après trois albums, j'ai eu envie d'essayer l'aventure en solo pour voir ce que ça pouvait donner et jusqu'où je pouvais aller par mes propres moyens.»

Qu'est-ce qui a été le plus difficile en se lançant dans cette aventure?

«C'est plus difficile à encaisser quand tu échoues en solo."

Votre premier succès ‘Reine' a d'ailleurs explosé par hasard.

«Ouais. En fait, j'avais un concept sur Instagram durant lequel je sortais des lives tous les dimanches, et ‘Reine' a été le premier d'entre eux. Il a tellement bien marché que quatre mois après, je l'ai terminé et ça a été la consécration.»

Dans ce titre comme dans beaucoup d'autres, vous parlez d'amour et de sentiments. Ce n'est pas habituel dans le milieu du hip-hop.

«Si j'ai sorti cet album, c'est parce que je n'ai aucun problème avec ça. D'une certaine manière, je dis la même chose qu'un rappeur comme Damso sur certains sons. On le dit juste différemment. En 2018, ce n'est plus tabou de parler des femmes. Mais la manière dont j'en parle n'est pas encore arrivée à maturité. J'espère en tout cas être le précurseur de ça parce qu'il y a beaucoup de choses à dire sur elles.»

Avec un titre comme ‘Lionne', vous leur rendez même un véritable hommage.

«Oui. J'ai grandi avec ma mère, c'est elle qui m'a élevé. Je ne parle pas seulement d'elle mais des femmes comme elle, mariées ou pas, avec ou sans enfants, avec ou sans emploi. Il y a plusieurs situations où une femme peut s'avérer plus forte qu'un homme."

 

Vous avez interprété «Bob Marley» sur le plateau de The Voice Belgique. C'est le genre d'émission à laquelle vous auriez pu participer?

«Non. Je n'aurais jamais pu parce que de base, je suis rapidement gêné et je déteste être jugé. C'est pour ça que je respecte beaucoup ceux qui font ça. Moi j'aime chanter ce que je veux et surtout j'ai honte de l'échec.»

Que considérez-vous comme un échec?

«Par exemple, quand on était en groupe, on a jamais eu de disque d'or. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas forcément disque d'or, ça ne veut pas dire pour autant qu'ils ont échoué. Mais moi, je préfère mettre la barre haute.»

Vous n'aimez pas qu'on vous réduise au ‘petit frère de Maître Gims', néanmoins vous dites qu'il vous a fait gagner dix ans d'expérience?

«Bien sûr dix ans, voire vingt. Il m'a aidé sur le plan professionnel. En restant avec lui et en voyant les erreurs qu'il a faites, j'ai beaucoup appris."

Vous avez également eu l'aide de votre petit frère sur certains textes.

«Oui, Darcy a beaucoup d'inspiration lui aussi. Avec Gims, ils vont d'ailleurs lancer un manga bientôt. Ils scénarisent toute l'histoire.»

Vous avez également de la famille en Belgique, paraît-il.

«J'ai beaucoup de cousines et de tantes qui habitent à Bruxelles. Tous les week-ends, j'étais là. Je prenais le car ou le train et je venais en Belgique. J'ai beaucoup de bons souvenirs à Bruxelles. C'est pour ça que dès que j'ai du temps, je reviens ici.»

Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour 2018?

«Être disque d'or ici en Belgique serait une grosse fierté pour moi.»

Dadju sera également présent le 26/8 au festival des Solidarités et le 7/11 à Forest National