Zuckerberg s'excuse, mais sans remettre en cause le modèle Facebook

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a admis mardi avoir échoué à protéger la vie privée des utilisateurs de son réseau social, dont 87 millions ont vu leurs données personnelles utilisées par la firme Cambridge Analytica, tout en défendant un réseau «sûr».
par
Marie
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Pour sa première apparition très attendue devant une commission conjointe du Sénat américain, il a répondu pendant plus de cinq heures aux questions des parlementaires inquiets des «abus de confiance» du réseau social. Mercredi, c'est cette fois à la Chambre des représentants américaine qu'il est attendu.

«Nous ne vendons pas de données», a affirmé plusieurs fois le jeune milliardaire face aux sénateurs, niant que le groupe soit un outil de surveillance. Questionné à ce sujet, il a expliqué ne pas être réticent à la possibilité d'une régulation publique accrue des réseaux sociaux. «Ma position n'est pas qu'il ne devrait pas y avoir de régulation» pour mieux protéger les données personnelles, a-t-il précisé. «Je pense que la vraie question est de savoir, alors que l'internet devient plus important dans la vie des gens, quelle est la bonne régulation». Répondant à un sénateur qui lui demandait si la réglementation européenne qui doit prochainement entrer en vigueur (le 25 mai) est appropriée, le PDG du premier réseau social du monde a jugé qu'"ils ont compris».

Sur le grill face aux sénateurs, le jeune homme de 33 ans a admis qu'il n'aimerait pas que l'on révèle des informations sur sa propre personne et son mode de vie. «Seriez-vous à l'aise à l'idée de partager avec nous le nom de l'hôtel dans lequel vous avez séjourné la nuit dernière?», a demandé de but en blanc le sénateur démocrate Dick Durbin au jeune dirigeant, après déjà plus de deux heures de questions. Surpris par la question mais visiblement amusé, Mark Zuckerberg a répondu «hum, heu ... non», suscitant les rires de l'assistance.

Mise en garde

Il a ensuite, de la même manière, répondu qu'il ne choisirait «sans doute pas de partager» face aux membres du Congrès les noms d'amis auxquels il a récemment envoyé des messages. «On est au cœur du sujet: le droit à la confidentialité, les limites du droit à la confidentialité (...) C'est la question de savoir quelles informations Facebook collecte, à qui il l'envoie et s'il a demandé au préalable l'autorisation de le faire», a expliqué ensuite le sénateur à l'origine de la question.

«Si Facebook et les autres réseaux sociaux ne réparent pas ou ne veulent pas réparer les intrusions dans la vie privée, nous le ferons, nous, le Congrès», a mis en garde à un autre moment le sénateur démocrate de Floride Bill Nelson.

Comme attendu, Mark Zuckerberg a plusieurs fois rappelé les mesures prises par le réseau social pour davantage informer et protéger ses utilisateurs, et celles qu'il est prévu d'implémenter à l'avenir, notamment pour éviter l'usage du réseau social dans un but de propagande et de désinformation. Lors de son audition, il a également confirmé que Facebook coopérait dans l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe présumée dans la campagne présidentielle de Donald Trump, mais sans être en mesure de dire de quelle manière cette collaboration s'opère. Il a précisé ne pas avoir lui-même été interrogé par le procureur spécial. «Mais je sais que nous travaillons avec eux», a-t-il dit.

Par ailleurs, une plainte en nom collectif a par ailleurs été déposée mardi devant un tribunal du Delaware (nord-est) par des utilisateurs américains et britanniques affirmant que le réseau social a «échoué à protéger» les informations personnelles de plus de 80 millions de personnes aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.