Pourquoi protéger nos ressources en eau est essentiel pour un développement durable

Chaque année, des millions de personnes, surtout des enfants, meurent de maladies liées à une eau impure. Mais le monde pourrait bien connaître un autre problème : la pénurie.
par
Camille
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La planète terre a beau être composé à 70% d'eau, accéder à l'eau potable n'est pas toujours simple. Quelque 663 millions de personnes en sont encore privées, et un tiers de l'humanité n'a pas accès à des services d'assainissement corrects. Pour l'Onu, il est donc primordial d'assurer d'ici 2030 l'accès universel et équitable à l'eau potable, et ce à un coût abordable.

La communauté internationale a fixé dans ses objectifs de développement durable quelques lignes directrices afin d'y parvenir. Elle insiste sur la nécessité d'une gestion durable de la ressource (voir ci-dessous), tant pour en assurer la qualité que pour préserver les écosystèmes. Des coopérations transfrontalières pourraient également être nécessaires afin d'assurer un accès pour tous sans générer de conflit. Car entre réchauffement climatique et démographie galopante, certains experts redoutent que l'accès à l'eau ne devienne le principal risque de conflit.

Déjà des pénuries

Le problème de l'accès à une eau de qualité pourrait prendre une toute autre dimension avec le réchauffement du climat. L'Onu s'attend à ce que d'ici 2050, au moins une personne sur quatre vive dans un pays affecté par des pénuries d'eau chronique ou fréquente.

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Ce risque est devenu particulièrement tangible au cours des derniers mois. La métropole sud-africaine du Cap risque de faire face dans les semaines qui viennent à une sévère pénurie d'eau. Les robinets pourraient se retrouver à sec, obligeant les habitants à faire la queue pour recevoir une ration quotidienne d'eau. Afin de repousser l'échéance, la population a déjà été appelé à se montrer parcimonieuse lors de sa douche, de moins tirer la chasse d'eau des toilettes… Mais rien n'y fait. Et bien que la ville ait réduit sa consommation de 1,1 milliard de litres à 586 millions, le niveau des réserves reste dramatiquement bas.

 

Les autorités redoutent le chaos si des distributions devaient être mises en place. «On risque de se retrouver avec 5.000 personnes à chaque point de distribution tous les jours. Ça va être un cauchemar logistique», anticipe Helen Zille, la dirigeante de la province du Cap-Occidental. Et ce chaos pourrait bien n'être qu'un avant-goût de ce qui attend la planète.

Partout dans le monde, une meilleure gestion de l'eau est impérative.

Marc Despiegelaere, de l'Ong Protos, appelle à prendre conscience de notre consommation d'eau, qu'elle soit directe ou indirecte.

Vous faites une distinction entre l'usage direct de l'usage indirect.

Ph. D.R.

«Chacun de nous a un usage direct de l'eau. C'est l'eau que l'on consomme pour boire, pour se laver, pour le ménage… Cet usage s'élève, en moyenne, à 114 litres par jour et par personne. Et puis il y a l'usage indirect. Il s'agit de l'eau qui est utilisée pour produire ce que nous consommons. Les quantités d'eau consommées de cette manière sont beaucoup plus importantes, avec une moyenne de 7.400 litres par jour et par personne.»

Pour quels produits, par exemple?

«Pour produire un steak de 200 grammes, 4.000 litres d'eau sont nécessaires. Ce chiffre peut surprendre. Mais il faut savoir que les animaux élevés dans des conditions industrielles se nourrissent avec du soja importé, entre autres. Il vient souvent du Brésil. Il y a des régions de ce pays qui commencent à connaître des conflits liés à l'usage de l'eau, car ces cultures ont des besoins énormes. Le bétail élevé dans des prés, en Ardennes par exemple, pose moins de problème puisqu'il se nourrit à partir d'herbe. On peut aussi citer l'exemple des asperges vertes, qu'on trouve toute l'année dans nos supermarchés. Elles viennent du Pérou, où elles sont cultivées dans des zones où l'accès à l'eau n'est pas toujours évident. Là-bas aussi, cela provoque des conflits sociaux entre agriculteurs et citoyens qui voient leur accès à une eau potable remis en question.»

Les efforts pour réduire notre consommation directe ne sont-ils pas dérisoires par rapport aux quantités d'eau consommées de manière indirecte?

«L'usage des savons et produits chimiques fait que la nature n'est pas capable de dépolluer elle-même les eaux usées. nous devons alors construire des stations d'épuration, et traiter toutes ces eaux. Ce processus exerce une forte pression sur l'écosystème. Réduire notre consommation directe d'eau permet de réduire cette pression, c'est donc tout aussi important que surveiller notre consommation indirecte.»