Quand l'avocat met les ressources en eau sous pression

La raréfaction de l'eau affecte plus de 40 % de la population mondiale. Les experts redoutent que cette proportion n'augmente encore, en raison du changement climatique et de certains choix des consommateurs.
par
Camille
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C'est le fruit le plus prisé des foodistas : l'avocat. On le retrouve partout, dans les brunchs, en photo sur instagram... Pourtant, l'avocat, et surtout sa consommation excessive, fait du mal à la planète. Mais cette demande croissante d'avocats commence ainsi à assoiffer certaines régions du monde. L'Onu a choisi de faire de la préservation des ressources d'eau potable un objectif de développement durable.

 

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Karina Torres a passé plus de sept ans sans eau courante dans sa maison du centre du Chili. Pourtant, en face de chez elle, des milliers d'hectares d'avocats poussent dans un véritable oasis, reflet d'une culture qui assoiffe la région. Dans son village de Calle Larga, les pluies de l'an dernier ont apporté un soulagement inespéré. Comme un miracle, l'eau a recommencé à sortir du robinet. Les habitants ont à nouveau pu se doucher et donner à boire aux quelques animaux ayant survécu à la longue sécheresse. Mais tous savent que cela ne durera pas.

Agriculture intensive contre citoyens

Derrière ce manque chronique d'eau, il y a sans doute l'effet du changement climatique. Mais les villageois accusent aussi les producteurs agricoles, surtout ceux d'avocats, d'avoir asséché leur province, au climat traditionnellement subtropical. Les plantations ancestrales de pommes de terre, tomates et arbres fruitiers ont été remplacées en grande majorité par des avocatiers pour répondre à une demande internationale en constante augmentation.

 

Dans la province de Petorca, la culture de cet "or vert", qui fait saliver tout autant les Français, les Américains que les Japonais, s'étale sur 16.000 hectares, contre moins de 2.000 dans les années 1990. Mais l'avocat est très gourmand en eau: chaque hectare d'avocatiers requiert 100.000 litres par jour, "l'équivalent de la consommation de 1.000 personnes", selon Rodrigo Mundaca, porte-parole de Modatima, une organisation de défense de l'eau.

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Près du village de Calle Larga, plus une seule goutte ne coule dans les rivières Ligua et Petorca depuis 1997 et 2004, respectivement. Là où, d'antan, les habitants se baignaient, les merlans et les crevettes abondaient, désormais ce sont les déchets en plastique qui prolifèrent au fond du lit asséché. Et sans eau dans les rivières, c'est tout un cycle naturel qui est perturbé: pas d'évaporation, pas de formation de nuages, pas de précipitations. A Cabildo, l'un des principales communes de la province, l'eau que consomment ses 22.000 habitants est désormais livrée... par camions.