VIDEO. Des centaines de milliers Américains en masse dans la rue contre les armes à feu

Exaspérés par la répétition des fusillades dans leurs écoles, des centaines de milliers d'Américains sont descendus samedi dans la rue pour une manifestation historique contre les armes à feu.
par
Belga
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A Washington, une marée humaine a investi les avenues entre la Maison Blanche et le Capitole. Un demi-million d'adolescents et d'adultes étaient attendus, avec comme mot d'ordre "Plus jamais ça!" Plus de 800 marches étaient prévues dans d'autres villes des Etats-Unis et dans le monde avec, partout, la jeunesse en fer de lance. A New York, Atlanta, Chicago ou Saint Paul (Minnesota), des milliers de personnes se sont rassemblées en fin de matinée pour afficher leur soutien au mouvement.

AFP / A. Caballero-Reynolds

L'événement national, baptisé "March for Our Lives" --"Marchons pour nos vies"--, est une réaction spontanée au massacre le 14 février de 17 personnes dans un lycée de Floride. La frustration est alimentée par l'inaction des législateurs et des pouvoirs publics, réticents à agir contre la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes. De fait, les slogans étaient souvent politiques. "Faisons primer les USA sur la NRA", a lancé David Hogg, un lycéen devenu l'un des porte-voix du mouvement, en appelant à faire sauter les verrous dans les urnes.

AFP / A. Caballero-Reynolds

30.000 morts par an

La possibilité de détenir une arme à feu est considérée par des millions d'Américains comme un droit constitutionnel aussi fondamental que la liberté d'expression. Cependant, cette fois, la tuerie commise par un ancien élève perturbé psychologiquement dans la ville de Parkland a soudé des lycéens s'identifiant comme "survivants": depuis cinq semaines, ils sont omniprésents dans les médias. "Si vous tendez l'oreille, vous pouvez entendre que les personnes au pouvoir tremblent", a insisté David Hogg. "Nous allons en faire une question de vote, dans chaque élection, dans chaque Etat, dans chaque ville."

Les armes font plus de 30.000 morts par an aux Etats-Unis, où la jeunesse scolarisée est parfois présentée comme la "génération mass shooting" ou la "génération Columbine", du nom d'une école secondaire du Colorado où deux élèves ont tué douze de leurs camarades de classe et un professeur en 1999. Ces élèves ont vécu la totalité de leur scolarité avec cette menace permanente, spécifique aux Etats-Unis. Année après année, ils ont vu leurs élus faire la sourde oreille ou, récemment, le président Donald Trump proposer d'armer leurs enseignants. "Nous sommes les gens qui ont peur d'aller à l'école tous les jours parce que nous ne savons pas si nous serons les prochains", a expliqué Lauren Tilley, 17, venue spécialement de Californie pour l'événement. Dans le rassemblement géant au coeur de la capitale fédérale, une forêt de pancartes affichaient des slogans tels que: "J'enseigne avec des livres, non des armes" ou "Votre droit à détenir une arme ne l'emporte pas sur mon droit à rester vivant". "Notre message, c'est que nous n'allons pas rester silencieux, nous allons continuer à nous battre" pour un durcissement des lois sur les armes individuelles, a assuré Lauren.

Soutien de personnalités

Le mouvement est soutenu par de nombreuses personnalités et plusieurs stars étaient attendues samedi sur la scène dressée à Washington sur Constitution Avenue. Parmi ces vedettes soutenant les lycéens de Parkland figurent Ariana Grande, Jennifer Hudson, Demi Lovato, Justin Timberlake, Miley Cyrus ou Justin Bieber.

#MarchForOurLives A NewYork, l'ex-Beatle Paul McCartney parmi les manifestants #AFP pic.twitter.com/eVseG9K4QJ

— Agence France-Presse (@afpfr) 24 mars 2018

M. Trump a redit vendredi dans un tweet sa volonté d'interdire les "bump stocks", des accessoires permettant de tirer en rafale, une mesure de portée marginale. Mais son gouvernement refuse d'interdire les fusils d'assaut. "J'espère (que les jeunes) ont bien à l'esprit qu'ils s'inscrivent dans un mouvement social sur le long terme. Ils n'obtiendront pas justice dans un Congrès contrôlé par les républicains", a averti le sénateur démocrate Chris Murphy, interrogé par l'AFP. "Changez la législation sur les armes ou changez le Congrès", disait une pancarte brandie par une manifestante à New York, où plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées le long de Central Park.

Appel vibrant

La petite-fille de Martin Luther King, âgée de 9 ans, a lancé un appel vibrant contre les armes à feu samedi à Washington, sa spontanéité suscitant l'admiration de la foule réunie. S'inspirant du célèbre discours de son grand-père, militant pour les droits civiques, Yolanda Renee King a lancé: "je fais un rêve dans lequel trop c'est trop. Et il ne devrait pas y avoir d'armes dans ce monde". "Faites passer le message, entendez-vous? A travers tout le pays. Nous allons être une grande génération", a poursuivi la fillette d'une voix assurée, suscitant des applaudissements.