La qualité de vie des parents perturbée par le retour à la maison de la "génération boomerang"

Les enfants adultes qui reviennent chez leurs parents peuvent sans le savoir perturber la qualité de vie de ces derniers, selon une nouvelle étude.
par
ThomasW
Temps de lecture 3 min.

De plus en plus de jeunes adultes reviennent au foyer parental depuis quelques années, en raison de l'augmentation du coût du logement, de l'insécurité financière et de la précarité de l'emploi. Ce phénomène est appelé "génération boomerang".

La génération boomerang

Des chiffres du bureau britannique des statistiques nationales suggèrent qu'environ un quart des jeunes adultes vivent actuellement chez leurs parents dans tout le Royaume-Uni. Il s'agit d'un record depuis la mise en place de ce recensement en 1996. La tendance croît également en Europe.

Bien que des études précédentes aient déjà analysé le fait, pour des adultes, de vivre chez leurs parents, cette nouvelle étude est la première à examiner l'effet sur le bien-être des parents du retour de leurs enfants qui avaient quitté le nid, ce que les chercheurs appellent "mouvements de boomerang".

37.000 parents dans 17 pays européens interrogés

L'étude, conduite par la London School of Economics and Political Science, s'est penchée sur un échantillon de 37.000 parents dans 17 pays européens. Les participants étaient âgés de 50 à 75 ans, et les chercheurs ont fixé un âge maximal afin de réduire les possibilités que le retour d'un enfant à la maison soit causé par le besoin de s'occuper de ses parents vieillissants.

L'équipe a évalué la qualité de vie grâce à une échelle mesurant "les sentiments de contrôle, d'autonomie, de plaisir et de réalisation de soi dans la vie quotidienne". Cette échelle va de 12 à 48, et plus le score est élevé, plus la qualité de vie est bonne.

Chez les 1.070 parents qui ont vu leurs enfants revenir chez eux, quelle qu'en soit la raison, les résultats montrent que ce retour est associé à une baisse moyenne de 0,8 point sur l'échelle ; un chiffre similaire à celui qui est constaté lors de l'évolution d'un handicap lié à l'âge, notamment des difficultés pour marcher ou pour s'habiller.

Impact négatif sur le bien-être

Toutefois, il semble que seuls les enfants "boomerang" ont un impact négatif sur le bien-être de leurs parents : l'équipe n'a en effet constaté aucun effet sur la qualité de vie des parents lorsque leurs enfants adultes vivent toujours chez eux sans jamais être partis.

"Ces résultats montrent que le retour à la maison est lié à un déclin de la qualité de vie des parents lorsque aucun autre enfant n'habite au foyer parental. Les parents aiment leur indépendance quand les enfants quittent la maison, et remplir à nouveau un nid devenu vide peut être considéré comme une violation de cette étape du parcours de la vie", commentent le docteur Marco Tosi et le docteur Emily Grundy, qui ont mené l'étude.

Les résultats sont publiés (en anglais) sur le site de la revue Social Science & Medicine.