Attentats à Bruxelles: Le recrutement des policiers est le premier défi pour Philippe Close

Deux ans après les attentats de Bruxelles, le bourgmestre Philippe Close est revenu sur les mesures prises pour lutter contre la radicalisation, à commencer par le Plan canal.
par
Laura
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Le bourgmestre admet un manque d'anticipation et une mauvaise appréhension: "Je repense aux premiers clips postés par Sharia4Belgium. Tout le monde croyait alors à une blague. Quand en 2013 les services de prévention nous ont prévenus que des gens partaient en Syrie, beaucoup se demandaient pourquoi. On n'a pas vu venir le phénomène. Il faut avoir l'humilité de reconnaître cela".

Améliorer le recrutement

Il estime cependant qu'il y a eu depuis une prise de conscience de l'importance de la collaboration entre les différents niveaux de pouvoirs et les communes. Il considère que les 25 policiers reçus via le plan canal ont été une bonne chose, mais il faut selon lui s'attaquer au déficit du cadre policier: "Tout ce qui permet de travailler ensemble est une bonne étape, mais le vrai défi va être de remplir les cadres policiers. Nous avons prévu 6 millions et demi de budget supplémentaire dans notre zone de police pour le recrutement. Nous voulons plus de 200 policiers. Nous avons les moyens, mais le processus de recrutement qui dépend du fédéral est trop lent et trop complexe. Nous devons absolument améliorer cela parce que nous voulons plus de bleu en rue".

La Ville a opté pour une police de proximité en réduisant le nombre de commissariats pour déployer plus de policiers en rue. Face au sentiment d'insécurité, Philippe Close remarque que la présence des gardiens de la paix et de policiers à vélo est particulièrement efficace. Il plaide pour le maintien de militaires devant les grandes organisations afin de ne pas devoir y affecter des policiers.

Renforcer les services de renseignement

Face à la radicalisation, il pose des constats francs: "Les terroristes venaient de nos quartiers. Ils sont nés chez nous et ont grandi chez nous. Il faut avoir le courage de le dire pour voir comment cela est arrivé". Il préconise de renforcer plus largement les services du renseignement. "Le culte musulman a été livré à lui-même pendant longtemps avec des erreurs historiques comme de confier à l'Arabie Saoudite le soin de développer un islam qui n'est ni celui de la Belgique, ni l'islam marocain", continue le bourgmestre. "Au-delà de cela, on a entamé un processus de reconnaissance avec les mosquées qui entrent dans nos valeurs démocratiques et on a donc distingué ce qu'on peut appeler 'les mosquées de garage' dans lesquelles on se radicalise, des mosquées qui sont de simples lieux de culte".

Il perçoit les émeutes de Bruxelles comme des phénomènes inhérents aux grandes villes et estime que la justice a su faire preuve de fermeté. Il avance que Bruxelles dispose d'atouts majeurs pour répondre aux problèmes d'intégration: "Avoir nos banlieues dans la ville et avoir cette mixité inclusive font la force de Bruxelles. C'est ce qui aide à trouver des politiques urbaines dynamiques. On n'a pas de cités comme en France. (...) Il n'y a aucune zone de non-droit où la police ne va pas". La Ville a notamment parié sur l'enseignement et se positionne comme la commune du pays qui construit le plus de places scolaires.