DOSSIER RISQUE NUCLÉAIRE: «Nous ne devons pas craindre une pénurie alimentaire»

«Savez-vous que faire en cas d'accident nucléaire est le slogan de la campagne d'information que le Centre de crise a lancée la semaine passée à l'occasion de l'actualisation du plan d'urgence nucléaire. Cette campagne d'information a pour objectif d'informer la population sur le risque nucléaire et les bons réflexes en cas d'accident. Car, malgré toutes les mesures de sécurité, les contrôles et les mesures de prévention, un incident n'est jamais totalement à exclure.
par
Janne
Temps de lecture 1 min.

À l'occasion de cette campagne, nous avons donné la parole à un certain nombre d'experts en radioactivité et sécurité nucléaire.

Philippe Houdart - AFSCA

Maintenant que nous connaissons les risques sanitaires liés à la radioactivité, nous nous penchons sur son impact sur notre alimentation. Les explications de Philippe Houdart de l'Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire.

Quels sont les risques des substances radioactives sur la sécurité alimentaire?

«Ce que beaucoup de gens ignorent, c'est que nos aliments sont toujours un peu radioactifs. Nous pouvons parfaitement nous protéger contre cette forme naturelle de radioactivité. Bien entendu, l'aliment ne peut pas dépasser la norme fixée, ce qui pourrait être le cas en cas d'accident nucléaire. Les éléments radioactifs qui se libèrent alors peuvent en fait contaminer les cultures et les animaux en plus de nous. Si nous consommons de la nourriture contaminée, cela peut augmenter à long terme le risque de cancer.»

Quelles sont les actions prises lors d'un accident nucléaire?

«Les zones auxquelles nous devons accorder une attention supplémentaire se situent autour des sites nucléaires. La première action prise par les autorités publiques est de prévenir tous les agriculteurs. Ils peuvent ainsi retirer à temps leurs bêtes des prairies et les mettre à l'étable, avant que le nuage radioactif ne passe. De plus, le système de ventilation des étables doit être arrêté, de façon à ce qu'il n'aspire pas de particules radioactives.

De même, les cultures en serre ainsi que le fourrage et les points d'eau pour le bétail sont faciles à préserver en les protégeant bien. C'est plus difficile pour les cultures en plein air. Nous pouvons éventuellement conseiller de récolter le plus vite possible, mais pour ce faire il faut que ce soit justement la bonne saison et souvent on n'a tout simplement pas assez de temps pour ça.

Beaucoup dépend aussi de la nature de l'accident. Quelles substances radioactives flottent dans l'air? Quelle est la vitesse du vent? Par temps de pluie, les particules redescendent plus vite et nous sommes alors confrontés à une plus grande contamination.

Quand le nuage radioactif est passé, nous évaluons la sécurité alimentaire. Des zones sont délimitées et les équipes de mesure font leur travail. Tant que le sol ou les cultures sont trop radioactifs, l'aliment est impropre à la consommation et il ne peut pas être commercialisé. La radioactivité disparaît d'elle-même, mais selon la nature de la contamination cela peut durer de quelques heures à plusieurs mois. Les contrôles sont donc souvent un projet de longue haleine, et c'est surtout ennuyeux pour les agriculteurs qui ne peuvent pas vendre leurs productions. Le consommateur ne connaîtra jamais une pénurie alimentaire, étant donné que nous pouvons importer suffisamment de produits.»

Que peut faire le consommateur?

«Les actions de protectionque nous fixons pour la vente de produits alimentaires sont aussi valables pour votre propre potager et vos poules de plein air, même si nous ne pouvons pas contraindre les citoyens à les observer. Si vous habitez dans une région contaminée, ne consommez donc pas les légumes de votre jardin et suivez l'avis des autorités.»

Vous voulez en savoir plus sur le risque nucléaire et sur ce que vous pouvez faire en cas d'accident nucléaire? Venez le découvrir sur www.risquenucleaire.be