Le parlement wallon s'apprête à encadrer les "maisons pirates"

La cinquantaine de "maisons pirates" de Wallonie, ces structures d'hébergement non-agréées (SHNA) qui accueillent sans cadre légal des sans-abris, personnes handicapées, toxicomanes, anciens détenus, etc, devront à l'avenir répondre à une série de normes minimales sous peine d'être interdites.
par
Laura
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Une proposition de décret initiée en ce sens par le député cdH Benoît Drèze a été adoptée mardi en commission de l'Action sociale du parlement de Wallonie, avec l'appui du MR tandis que le PS s'abstenait.

Réelle utilité publique

Ces structures accueillent le plus souvent, sans limite de temps, des personnes de 18 à 60 ans, généralement très précarisées et présentant des problèmes physiques, psychiques, sociaux ou encore une déficience intellectuelle. Certaines apportent une réelle utilité publique dans la mesure où elles offrent un hébergement à un public qui n'a pas accès aux structures agréées ni à un logement privé. Certains CPAS y ont d'ailleurs recours.

Mais d'autres évoluent dans des conditions de sécurité, de salubrité, d'hygiène et d'encadrement des résidents largement insuffisantes, comme l'a prouvé en octobre 2016 la fermeture de la maison Massimo à Charleroi. Les bourgmestres, quant à eux, sont souvent démunis en l'absence de cadre légal.

Règles de gestion

La proposition de décret impose des règles minimales d'éthique, de sécurité, d'hygiène et de formation du personnel. Une fois voté dans quinze jours en plénière du parlement wallon, le décret laissera dix ans de délai aux institutions pour mettre leur bâti aux normes.

Les institutions qui ne s'y conformeront pas seront interdites.

Selon le député Drèze, quelque 3.000 résidents seront concernés dans une cinquantaine de structures. Le centriste a pointé du doigt l'attentisme des précédents ministres Donfut, Vienne et Tillieux - tous trois PS - dans ce dossier, ce qui a fait bondir Eliane Tillieux.

Soulignant sa volonté de réguler ces institutions, la députée d'opposition a mis en doute la suffisance des normes envisagées dans la proposition cdH-MR et a dénoncé l'absence de budgets supplémentaires pour subventionner les institutions qui seraient prochainement reconnues. La ministre de l'Action sociale Alda Greoli (cdH) a elle aussi reconnu que les moyens devaient d'abord être affectés "à ceux qui réalisent un travail important au-delà des normes minimales", sous-entendant ainsi que les subventions n'iront pas en priorité à ces futures ex-maisons pirates.