Jérôme Cahuzac en appel pour tenter d'éviter la prison

Comptes cachés, montages complexes et mensonges répétés: le procès en appel de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, condamné à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale et blanchiment en 2016, s'est ouvert lundi à Paris.
par
Marie
Temps de lecture 2 min.

Cette fraude de l'ancien héraut de la lutte contre l'évasion fiscale restera comme le plus retentissant scandale du mandat de François Hollande, une tache indélébile à la «République exemplaire» promise.

Précédé d'une nuée de journalistes, Jérôme Cahuzac, 65 ans, est arrivé à la cour d'appel escorté de ses avocats, Eric Dupond-Moretti et Jean-Alain Michel. Affichant un visage détendu, chemise blanche ouverte et veste noire, il s'est assis sur le banc des prévenus, sans avoir fait de déclaration préalable.

Jusqu'au 21 février, l'ancien député socialiste, devenu un paria de la politique, devra répondre à nouveau de cette faute «d'une exceptionnelle gravité» et pour avoir menti sur sa déclaration de patrimoine. Le 8 décembre 2016, le tribunal correctionnel de Paris l'avait condamné, outre la prison, à cinq ans d'inéligibilité. Sans amende, les époux Cahuzac s'étant acquittés d'un redressement majoré d'environ 2,5 millions d'euros.

Pourquoi avoir fait appel? , a demandé d'emblée le président Dominique Pauthe. «J'imagine comme tout le monde... Je reconnais les faits. J'ai décidé d'interjeter appel d'abord en pensant aux miens», dit l'ancien ministre.

L'enjeu pour Jérôme Cahuzac est d'éviter la prison. Une confirmation du jugement l'enverrait derrière les barreaux alors qu'une peine égale ou inférieure à deux ans d'emprisonnement ouvrirait la possibilité d'un aménagement de peine.

«Un électrochoc salutaire»

Il y a cinq ans, le scandale de l'annonce de son compte caché en Suisse avait fait trembler le gouvernement puis finalement entraîné «un électrochoc salutaire» comme l'a souligné l'ONG Transparency International, avec la création d'un parquet national financier et d'une agence anticorruption.

Devant la cour d'appel, l'ancien élu est seul face à ses juges, avec l'ex-avocat genevois Philippe Houman, «cheville ouvrière» du transfert des avoirs de Suisse à Singapour, condamné à un an de prison avec sursis et à l'amende maximale de 375.000 euros.

Les autres protagonistes de l'affaire ont renoncé à faire appel: l'ex-épouse de Jérôme Cahuzac, Patricia Ménard, condamnée à deux ans de prison ferme pour une vie «enracinée dans la fraude» selon le jugement; la banque genevoise Reyl & Cie, condamnée à l'amende maximale de 1,875 million d'euros, et son patron François Reyl, condamné à un an avec sursis et 375.000 euros d'amende.