En Iran, une nouvelle génération de globe-trotteurs est née

La fièvre du voyage touche un nombre croissant de jeunes Iraniens poussés par la soif de nouveaux horizons, favorisée par les échanges d'expériences que permettent les réseaux sociaux.
par
ThomasW
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Les aventures d'Iraniens ayant parcouru des milliers de kilomètres sac au dos touchent un très large public en Iran sur Instagram ou Telegram, les réseaux sociaux les plus populaires du pays, où certains de ces voyageurs comptent plus de 200.000 abonnés.

Pendant longtemps, les voyages ont été l'apanage d'une élite iranienne disséminée en Europe et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, ce sont les enfants d'une classe moyenne émergente qui prennent leur envol vers des cieux inconnus, non sans se heurter parfois à la volonté de leurs parents.

De nouvelles perspectives

Sara Louï, 31 ans, a grandi dans l'idée que les vacances devaient nécessairement prendre la forme d'une migration vers les côtes de la Caspienne, dans le nord de l'Iran. Son credo a changé il y a deux ans lorsqu'elle a voyagé en autostop jusqu'à la ville historique de Yazd, dans le sud, en compagnie d'un groupe d'étrangers rencontrés par le biais du site d'accueil gratuit Couchsurfing. "Je n'avais absolument aucun équipement. Je portais des ballerines et j'avais emprunté un sac à dos à une amie", raconte cette Téhéranaise à l'AFP.

Mais ce voyage l'ayant ouverte à des perspectives nouvelles, elle décide d'économiser en vue d'un voyage de 40 jours en Europe, quitte à devoir affronter ses parents. "Aujourd'hui, si je reste à la maison le week-end, mon père vient me voir et me demande ce qui ne va pas", ajoute en riant la jeune femme, qui tient un blog sur ses voyages.

Un boom des voyages à l'étranger

Mahzad Elyassi, une autre blogueuse nomade, dit avoir entendu parler de l'autostop pour la première fois en 2015, mais assure qu'elle a depuis voyagé en levant le pouce dans chacune des 32 provinces d'Iran et dans 20 pays étrangers. "Nous avons prouvé que l'Iran est vraiment sûr pour ce genre de voyages, et c'est devenu à la mode", ajoute-t-elle. "Une femme m'a dit avoir utilisé ma page Instagram pour convaincre son mari en lui disant: 'Si elle a pu faire cela seule, alors ne devons pouvoir le faire aussi'".

Durant l'année iranienne 1395 (mars 2016 à mars 2017), quelque 9,2 millions d'Iraniens ont voyagé à l'étranger, soit 38,5% de plus que l'année précédente, et presque deux fois plus que dix ans plus tôt, selon des statistiques officielles.