Bruxelles, ma pelle!

Pierre et Nassim ont fait l'acquisition d'un champ et d'un bout de forêt en bordure de Bruxelles, dans l'idée d'y développer une agriculture durable et profitable aux Bruxellois. Un véritable verger-potager botanique qui compte plus de 1.200 variétés.
par
Pierre
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Pierre Barbieux est spécialisé en agroécologie et Nassim Khabazi est sociologue et passionné d'apiculture. À deux, ils ont ouvert quatre établissements de bouche à Bruxelles, dont deux place Fernand Coq à Ixelles: "Noir", un bar à pizza et à vins natures, et juste à côté, "The House", un bar à gin-tonics. Leur rêve est de créer un circuit court qui va permettre, entre autres, de garnir leurs pizzas avec de bons légumes locaux (et pour certains très originaux!) et d'agrémenter leurs gin-tonics d'aromates, de baies et de fruits ‘made in Rhode-Saint-Genèse'.

Terres en voie de disparition

Les terres agricoles étant quasiment impossibles à dénicher à Bruxelles, il leur aura fallu cinq ans pour trouver le graal. Leurs cinq hectares se trouvent à la frontière entre Linkebeek et Rhode.

Cet écosystème forestier, comme ils le nomment, est basé sur une polyculture d'arbres fruitiers, d'arbustes et de légumes pérennes (qu'on ne doit pas replanter d'années en années, comme par exemple les asperges ou les artichauts). L'arbre est l'élément central de ce système, explique Pierre: "l'arbre fertilise la terre, retient l'eau, permet la création de humus et donne des fruits." Leur objectif est global: garnir leurs propres tables mais aussi d'autres restaurants et magasins à l'esprit bio et enfin, permettre aux particuliers de se fournir directement sur place.

Des passeurs d'information

Pierre et Nassim aiment aussi l'idée d'une transmission, d'une sensibilisation. Sur leur petite colline verdoyante, ils aiment accueillir des groupes de particuliers.

"L'objectif c'est que les gens viennent ici pour se reconnecter à la nature, nous donner un coup de main pour les cueillettes, ou se balader tout simplement", insiste Nassim. Une balade qui risque d'être passionnante car cet endroit se rapproche bien plus d'un jardin botanique que d'un champ de patates.

De nombreuses espèces ancestrales, voire exotiques, comme ces mini kiwis qu'on peut manger avec la peau ou ces épinards grimpants du Caucase, ont été plantées. Les deux entrepreneurs ambitionnent d'ailleurs de collaborer avec des pépiniéristes, des conservatoires régionaux et des universitaires, dans un esprit de conservation d'espèces et de variétés rares.

Agriculture expérimentale

Roquettes sauvages, champignons des bois, basilics du monde, origans divers, ail des ours, arbres fruitiers de toutes sortes… qui va aider qui?

Pierre est excité comme un enfant qui aurait reçu la boîte du petit chimiste: "On va expérimenter, voir quelles collaborations de plantes, légumes ou arbres, sont les plus productives et les plus profitables."

Et inutile de préciser qu'aucun intrant chimique n'aura de visa sur leur territoire. Terreaux et fertilisants sont issus de leur compost. Le désherbant n'a pas lieu d'être car la surface agricole est recouverte de manière permanente par de la paille et d'autres matières végétales. Et les maladies sont évitées grâce à la synergie entre les espèces. On en connaît qui doivent attendre impatiemment le printemps…

Lucie Hage