La météo s'affole, la faute au climat?

Tempêtes à répétition en Europe, neige dans le Sahara, températures polaires aux États-Unis, canicules en Australie… Depuis quelques semaines, le monde fait face à des événements climatiques plutôt étranges.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

2017 a été la troisième année la plus chaude enregistrée depuis que les relevés météo existent. Et dans le même temps, la fin de l'année a été marquée par des phénomènes météorologiques plutôt inhabituels.

 

Canadiens et Américains ont ainsi affronté des températures glaciales, allant jusqu'à -40ºC. Des inondations ont gelé, emprisonnant les voitures dans la glace. Sur la côte, les promeneurs ont pu voir déferler d'étranges, et photogéniques, vagues glacées. À l'autre bout du monde, les Australiens subissaient, eux, une canicule record, avec une pointe à 47,3ºC.

L'Europe connaît elle aussi des événements climatiques hors du commun. En Italie, Sestriere a reçu plus de 2 m de neige en moins de 48h. Toutes les Alpes ont d'ailleurs enregistré des précipitations records. Les météorologues français parlent d'un enneigement qui n'arrive qu'une fois tous les 30 ans. Cet épisode neigeux succède à plusieurs tempêtes. Carmen et Eleanor ont ainsi causé plus de 200 millions € de dégâts. La dernière a même provoqué la mort de cinq personnes.

Avant goût d'un climat déréglé

Peut-on lier tous ces événements au réchauffement climatique? Ça serait «abusif», estime le météorologue Pascal Mailier, de l'Institut Royal de Météorologie (voir ci-dessous). Les scientifiques sont généralement prudents, ne lançant des affirmations que lorsqu'ils disposent de suffisamment de données pour les appuyer. Le climatologue Jean-Pascal van Ypersele rappelait récemment sur RTL que compter entre trois et cinq tempêtes hivernales sur la France en hiver est «quelque chose de tout à fait normal».

 

Ces événements, qu'on puisse ou non les attribuer au réchauffement climatique, sont toutefois un avant-goût de ce qui attend un monde au climat déréglé. «Si on ne fait rien pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, on aura des hivers plus pluvieux, et des étés plus secs», prévient le climatologue. Soit plus ou moins ce qu'on observe depuis quelques semaines.

 

«Il faut plus de données pour lier cette météo au changement climatique»

Les événements climatiques rares observés au cours des dernières semaines sont bien exceptionnels. Pour Pascal Mailier, météorologue à l'IRM, il est toutefois trop tôt pour y voir une conséquence claire du réchauffement climatique.

Les tempêtes, coups de froid et canicules des dernières semaines sont-ils exceptionnels?

«Il est un peu exagéré de parler d'événements exceptionnels. Mais ils ne sont effectivement pas habituels. Si on prend l'exemple de la neige sur le Sahara, on voit que cela n'arrive pas souvent. Mais ça n'est pas non plus complément hors du commun. C'est une région qui se trouve en altitude, et les nuits peuvent y être très fraîches.»

Aux États-Unis, on a également observé des conditions météorologiques extrêmes.

«Il y a effectivement une masse d'air polaire qui est descendue sur l'Amérique du Nord, provoquant une brutale chute des températures. Cela est dû à l'affaiblissement du vortex polaire (un tourbillon d'air qui circule autour des pôles, et a pour effet de maintenir l'air glacial sur les régions polaires).»

Peut-on lier l'affaiblissement du vortex polaire au changement climatique?

«Les connaissances dont nous disposons nous permettent de nous attendre à ce que le réchauffement climatique affaiblisse le vortex polaire, du fait d'un moindre contraste de températures entre le pole et le reste de l'hémisphère nord. De même, on sait que les épisodes de sécheresse vont devenir plus fréquents en Australie, comme on le constate actuellement. Pour autant, il serait abusif de tirer de ces événements isolés des conclusions générales comme le fait que cela serait une conséquence du réchauffement climatique. Pour cela, nous avons besoin de données d'observation supplémentaires.»