Trump un an après: Un bilan économique en demi-teinte, plombé par les choix politiques

Si les principaux indicateurs de l'économie américaine restent au vert - avec notamment un taux de chômage au plus bas, à seulement 4,1% en décembre, et un taux de croissance supérieur à 3% - les incertitudes qui pèsent sur les choix économiques posés par Donald Trump, un an après son accession au pouvoir, risquent, à terme, de nuire à la première puissance économique mondiale.
par
Laura
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"Au cours de cette première année en demi-teinte, Donald Trump a certainement engrangé des succès économiques, dont la réforme de l'impôt des sociétés au terme d'une longue bataille avec le Congrès", commente Michel Hermans, professeur de sciences politiques à HEC Liège.

Cette réforme fiscale, promise par le président durant sa campagne électorale, prévoit notamment une baisse de l'impôt sur les bénéfices des sociétés de 35 à 21%. Elle autorise également les entreprises à rapatrier leurs bénéfices actuellement détenus par leurs filiales à l'étranger à un taux de 8% pour les actifs illiquides et de 15,5% pour le numéraire.

En faveur des employés

Adoptée le 20 décembre par le Congrès, cette réforme - qui devrait creuser le déficit alors que le pays s'approche une nouvelle fois du plafond de la dette - a immédiatement conduit des entreprises américaines comme AT&T, ComCast ou les banques Wells Fargo et Fifth Third Bancorp à annoncer des mesures en faveur de leurs employés américains, dont des bonus pour des centaines de milliers d'entre eux. "Nous rendons à l'Amérique sa grandeur", s'était alors félicité Donald Trump. "C'est vrai que la classe moyenne a des raisons de se réjouir même s'il n'y a pas pour l'instant de résultat concret sur les chiffres du chômage", souligne Michel Hermans selon qui, par ailleurs, cette refonte fiscale "est avant tout destinée à compenser ce que Trump exige des entreprises, à savoir qu'elles relocalisent leurs usines aux Etats-Unis", faute de quoi elles pourraient être soumises à de lourdes taxes d'importation sur le sol américain.

"Ford a accepté dans un premier temps avant de faire savoir, en décembre, qu'elle construirait finalement ses voitures électriques au Mexique. Face aux exigences de Donald Trump, les multinationales, qui sont très importantes en Amérique, vont faire blocage et risquent, au contraire, de délocaliser davantage", avertit le professeur.

Un pays isolé

Selon ce dernier, Donald Trump, par sa politique et ses choix économiques, "isole" les Etats-Unis, ce qui devrait favoriser d'autres nations, et notamment la Chine avec laquelle des accords bilatéraux de libre-échange ont toutefois été signés. "Ce repli risque de coûter cher aux Etats-Unis qui pourraient, à terme, ne plus être en mesure de contrôler l'économie mondiale, d'autant que le dollar pourrait s'affaiblir au profit de monnaies virtuelles comme le bitcoin, pour peu que l'on ne soit pas en présence d'une nouvelle bulle spéculative", poursuit-il. Et si, contrairement à de nombreuses autres grandes économies, le marché intérieur reste le premier poste de développement américain, "la politique de Trump pourrait rapidement l'étouffer".

Il n'en reste pas moins que les marchés, eux, se sont montrés franchement positifs durant cette première année, la Bourse américaine battant record sur record. "Nous connaissons une séquence formidable, quasiment sans ralentissement depuis l'élection de Trump en 2016 et sans volatilité", expliquait ainsi début janvier Michael Scanlon, directeur exécutif de Manulife Asset Management. "Les Bourses ont été plutôt favorables à Donald Trump car il n'a pas annoncé de mesures catastrophiques et les décisions qu'il a prises plaisent aux entreprises américaines", conclut pour sa part Michel Hermans.