Il y a beaucoup de glace sous la surface de Mars

La planète Mars recèle de multiples dépôts de glace, hors des zones polaires, parfois à seulement un ou deux mètres de profondeur, en faisant de précieuses ressources potentielles d'eau, facilement accessibles, pour de futures missions humaines, révèle une étude publiée dans la revue Science.
par
Pierre
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Cette glace, qui paraît relativement jeune, pourrait aussi révéler l'histoire climatique de Mars qui reste à élucider.

Les scientifiques ont établi huit zones dans lesquelles l'érosion a exposé, sur des pentes raides, des quantités importantes de glace près de la surface. L'étude se base sur des données recueillies par Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), lancée en 2005 par la Nasa.

"Ce type de glace est plus répandu que nous le pensions auparavant", a expliqué l'un de ces scientifiques, Colin Dundas, un géologue de l'Institut américain de géophysique (U.S. Geological Survey).

L'existence de glace dans le sol martien est connue depuis longtemps, mais de nombreuses questions subsistent quant à son épaisseur, son étendue et sa pureté, expliquent les chercheurs.

Les pôles martiens sont recouverts de glace et la sonde MRO en orbite autour de Mars avait détecté la présence d'épais dépôts de glace enterrés un peu partout sur la planète, une découverte qui avait fait l'objet d'une publication dans Science en 2010.

Les scientifiques avaient alors avancé l'hypothèse selon laquelle il s'agirait de restes de glaciers ayant existé il y a des millions d'années quand l'axe de rotation de Mars et son orbite étaient différents.

Glace récente 

Les fractures et les angles abrupts indiquent que la glace est compacte et solide, précisent les scientifiques.

En outre, les variations dans la couleur de ces dépôts laissent penser que la glace est formée de couches distinctes qui pourraient aider à comprendre les changements climatiques dans l'histoire de Mars.

Ces strates se sont probablement formées avec l'accumulation de la neige au gré de nombreuses saisons lors de précédents cycles climatiques, explique Susan Conway, une géologue à l'Université de Nantes en France, citée dans Science.

Le vent a ensuite recouvert ces plaques de glace de sable et de poussière ce qui, selon elle, est "la seule explication plausible".

Le nombre peu élevé de cratères à la surface de ces huit sites indique, selon les auteurs, que cette glace s'est formée assez récemment.

Des images prises au cours de trois années martiennes -une année sur Mars équivaut à 686 jours terrestres- ont révélé que de gros blocs de roche se sont détachés de la glace sous l'effet de l'érosion.

Selon les chercheurs, ce phénomène indique que la glace perd quelques millimètres chaque été.

Cette glace est visible seulement où la couche superficielle du sol a disparu, indiquant probablement que les couches de glace proches de la surface sont encore plus étendues que ne l'indique cette étude.

Ces sites sont "très excitants" pour éventuellement établir des bases d'exploration humaine, juge Angel Abbud-Madrid, directeur du centre des ressources spatiales à l'école des mines du Colorado et auteur d'une étude pour la Nasa sur des sites potentiels où les astronautes pourraient se poser sur Mars.

Latitudes inhospitalières

L'eau est une ressource essentielle. En la combinant avec du dioxyde de carbone (CO2) -qui forme l'essentiel de l'atmosphère martienne- on peut produire de l'oxygène pour respirer ainsi que du méthane, un carburant pour les moteurs de fusée.

Cette eau pourrait être aisément accessible avec ces grandes quantités de glace à quelques mètres sous la surface de ces pentes, ajoute le professeur Abbud-Madrid.

Ces lieux riches en glace ont tous été trouvés à des latitudes d'environ 55 degrés nord et sud qui durant le long hiver martien deviennent très froids et inhospitaliers pour des bases humaines dépendantes de l'énergie solaire.

C'est la raison pour laquelle la Nasa veut limiter la recherche de sites d'installation d'astronautes à moins de 50 degrés de l'équateur de Mars.

"J'espère que la prochaine surprise sera la découverte de grandes quantités de glace près de la surface du sol dans les régions tropicales martiennes", ajoute Scott Hubbard, professeur à l'Université Stanford à Palo Alto en Californie, ancien responsable du programme d'exploration de Mars de la Nasa.