Des scientifiques pressent le Parlement européen de préserver les forêts

Augmenter les énergies renouvelables en Europe ne devrait pas passer par le fait de couper et brûler des arbres entiers, estiment plus de 650 scientifiques dans une lettre envoyée mardi aux eurodéputés. Ceux-ci seront amenés à voter, la semaine prochaine à Strasbourg, l'extension de la directive sur les énergies renouvelables.
par
Laura
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Les résidus et déchets de bois, ce qui reste après avoir fait du papier ou des meubles par exemple, sont déjà utilisés comme biomasse en alternative aux carburants fossiles. Cela permet d'ailleurs d'émettre moins de CO2 que si on les laissait simplement se décomposer. "Par contraste, couper des arbres pour les bioénergies relâche du carbone qui serait sinon capté par les forêts, et dévier du bois qui serait sinon utilisé pour d'autres produits engendrera d'autres coupes, ailleurs, pour le remplacer", mettent en garde les scientifiques.

Impact significatif

Le professeur Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du GIEC, le groupe de l'ONU sur le changement climatique, fait partie des signataires. "La probabilité que la directive révisée augmente les émissions de carbone est élevée", souligne-t-il. "Et l'impact sur les forêts du monde entier serait très important: même si une petite fraction de la demande européenne était rencontrée, cela engendrerait une hausse significative des émissions de CO2." Le scientifique pointe aussi le risque que d'autres pays se sentent encouragés à suivre l'exemple européen et se mettent à brûler du bois.

Mais la coupe d'arbres pour la biomasse aurait aussi un impact sur la biodiversité et les forêts globales, avec pour effet pour l'Europe une contradiction entre ses discours et ses actes. "L'Europe a encouragé des pays tels que l'Indonésie et le Brésil à protéger leurs forêts, mais le message de la directive est 'déboisez vos forêts tant que quelqu'un les utilise pour de l'énergie'", pointent encore les scientifiques.

Quid du vote ?

Les eurodéputés devraient voter sur la révision de cette directive "énergies renouvelables", sur la directive "efficacité énergétique" et sur un volet gouvernance lors de leur séance plénière de la semaine prochaine à Strasbourg.

Le Parti populaire européen (PPE), le plus grand groupe politique du Parlement européen, souhaite cependant postposer le vote, mais une majorité existe pour maintenir le sujet à l'agenda, indiquait-on mardi matin chez les Verts.