Des humains identifient une personne infectée à partir d'une photo

Les êtres humains seraient capables de repérer une personne malade sur une photo, deux heures seulement après une infection, selon une étude publiée mercredi.
par
Laura
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Cette capacité à détecter l'infection tôt, à partir d'indices faciaux subtils, n'avait pas été démontrée auparavant, mais ferait partie d'une aptitude essentielle pour survivre qualifiée d'"évitement de la maladie", selon les chercheurs.

Minimiser les risques

"Une capacité à détecter les malades permettrait aux gens d'éviter d'être proches des malades, et donc de minimiser le risque de tomber malade si la personne est porteuse d'une maladie contagieuse", a déclaré à l'AFP John Axelsson, co-auteur de l'étude.

L'équipe de recherche a conduit son expérimentation avec 16 volontaires sains, tous blancs et un groupe de personnes qui devaient déterminer qui était sain ou malade parmi eux.

Chacun des 16 volontaires a reçu une dose de lipopolysaccharides (LPS) - des molécules prélevées sur des bactéries. Ces molécules stériles entraînent une forte réaction immunitaire et des symptômes pseudo-grippaux durant quelques heures - permettant d'imiter quelqu'un atteint d'une maladie aiguë dont l'organisme lutte contre l'infection. Il s'agit d'une méthode couramment utilisée sur des humains à des fins d'expérimentations dans le domaine des maladies infectieuses. Chaque participant a également reçu une injection "factice" (placebo).

Les volontaires ont pris leur photo environ deux heures après chaque injection - donc une fois en bonne santé après le placebo, et une fois "malade". Après l'injection de LPS, certains "se sentaient très malades et d'autres pas malades du tout" quand leur photo a été prise, a expliqué Axelsson.

Au-delà du hasard

Les deux images des participants, sains et malades, ont été montrées au groupe d'évaluateurs. Ces derniers ont pu correctement repérer la grande majorité des sujets malades, soit 13 sur 16, selon l'étude parue dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B.

Ce taux de bonnes réponses dépasse celui du simple hasard. Les évaluateurs se sont basés sur des signes comme des lèvres et une peau plus pâles, un visage plus enflé, des paupières plus flasques, des yeux plus rouges et une peau plus terne pour considérer que la personne sur la photo était malade.

Des recherches antérieures avaient utilisé des photos de gens "manifestement malades", mais dans cette nouvelle étude les sujets ont été photographiés avec des expressions neutres et très peu de temps après l'infection.

Aide aux médecins

Ces résultats suggèrent que "les humains ont la capacité de détecter les signes de maladie dans une phase précoce après l'exposition à des stimuli infectieux", concluent les auteurs de l'étude. Cette observation pourrait "aider les médecins et les logiciels informatiques à mieux détecter les sujets malades", selon M. Axelsson qui évoque un outil de diagnostic potentiellement précieux en cas d'épidémie.

D'autres études sont nécessaires pour déterminer si les niveaux de détection des infections sont similaires pour différentes maladies et différents groupes ethniques.