Jeff Panacloc: «Il y a des sujets que je ne peux pas aborder avec Jean-Marc»

Après avoir conquis le public avec son acolyte Jean-Marc, et redonné ses lettres de noblesse à la ventriloquie, Jeff Panacloc «Contre attaque». Pour son nouveau spectacle, l'artiste a fait le pari d'agrandir sa troupe en introduisant deux nouveaux personnages tout aussi déjantés: Jacky et Nabilouche. Un quatuor de choc.
par
Laura
Temps de lecture 4 min.

Quand le premier spectacle a aussi bien fonctionné, comment se lance-t-on dans l'écriture du suivant?

«Très difficilement (rires) mais j'ai eu de la chance d'avoir des auteurs qui m'ont vraiment aidé. Même si le spectacle vient de moi, c'est plus facile de se retrouver devant une page blanche à plusieurs que tout seul. À mon étonnement, elle s'est remplie assez rapidement.»

De quoi parle-t-il?

«On a décidé de raconter une pseudo-histoire et d'écrire la suite de ce qu'il se passe dans le premier spectacle. C'est compliqué parce que le public aimerait que ça ne change pas. C'est flatteur mais en même temps un peu frustrant. J'ai donc fait le choix de donner ce que les gens aiment et ce que j'ai envie de leur faire découvrir de mes goûts.»

C'est-à-dire?

«Le goût du vrai spectacle. Je suis un grand amateur de Broadway, de Londres et des shows américains. Donc je suis parti chercher un metteur en scène de comédies musicales. J'avais besoin de quelqu'un qui s'intéresse à ce qu'il se passe dans l'aspect visuel et dans celui du show.»

Vous revenez avec deux nouveaux personnages. Vous aviez peur que le public ne se lasse de Jean-Marc et Jeff?

«Pas du tout. En tant que ventriloque, j'adore créer de nouveaux personnages sauf que quand j'ai commencé à être connu les gens se sont attachés à Jean-Marc.

Pour le coup, ce sont deux personnages atypiques qui n'ont rien à voir.

«Non mais ils sont quand même attachés à Jean-Marc et donc forcément on s'y attache aussi.»

Comment peut-on décrire Jacky?

«Jacky, c'est le technicien qui s'occupe de Jean-Marc. Il a de petits problèmes psychologiques et d'alcoolisme mais c'est un bon vivant qui n'a pas sa langue dans la poche. Il est plus premier degré que Jean-Marc. C'est un peu mon pilier de comptoir à moi.»

C'est ce qu'il manquait pour compléter Jean-Marc?

«Il y a des sujets que je ne peux pas aborder avec Jean-Marc et que je vais aborder avec Jacky. Il y a des choses qui me touchent un peu plus. Dans le sketch, Jacky nous apprend qu'il a un fils homo et forcément c'est très compliqué d'aborder ce genre de sujet avec Jean-Marc. Ça me plaît de pouvoir aborder d'autres sujets avec d'autres personnages.»

Ph. Renaud Corlouer

Nabilouche, on devine un peu plus de qui vous vous inspirez.

«(rires) Oui, c'est ce que tout le monde me dit mais pas tant que ça finalement. Ça a été un point de départ mais avec elle il n'y a pas vraiment de sujets à aborder parce que tout n'est pas très droit dans sa tête (rires). Ça me permet de jouer un peu plus sur l'absurde.»

On a l'impression que tout ce que vous n'osez pas dire vous l'exprimez à travers Jean-Marc. Dans la vie vous êtes plus Jean-Marc ou Jeff finalement?

«Un peu des deux (rires). Je pense qu'avec mes potes je suis plus Jean-Marc et avec les gens que je ne connais pas trop je vais plus être Jeff, ça dépend.»

Vous avez un petit peu remis au goût du jour la ventriloquie. Comment vous êtes-vous lancé?

«J'ai vu un ventriloque quand j'avais 15 ans, David Michel. Je suis rentré chez moi et j'ai commencé à l'imiter. De fil en aiguille je me suis intéressé à ça, j'ai regardé d'autres ventriloques, j'ai acheté ma première marionnette et je me suis pris dans l'engrenage.»

C'est aussi une véritable prouesse sportive.

«Ce spectacle est très fatigant. Je vieillis aussi (rires) et j'ai l'impression de le ressentir sur scène, j'ai moins d'énergie. Il y a beaucoup de changements, de déplacements. C'est un peu plus sportif.»

Ça demande un entraînement au niveau du souffle?

«Non, j'ai surtout appris à travailler ma voix, ce que je ne faisais pas avant dans le premier spectacle.»

Vous n'avez pas tendance à développer des troubles de la personnalité?

«(rires) Non, mais ce qui me fait marrer c'est que souvent quand on discute avec mon manager on nomme les personnages comme s'ils existaient vraiment. C'est pour ça que ça fonctionne auprès du public. Si je n'y crois pas, les gens ne peuvent pas y croire.

Vous avez peur de retourner dans l'anonymat?

«Je crois qu'il n'y a pas une journée où je n'y pense pas. C'est compliqué cette vie d'artiste encore plus quand on est connu. Plus on monte plus, on se dit qu'on va redescendre à un moment donné.»

Vous avez commencé en tant que magicien. Y a-t-il une suite logique à se tourner vers autre chose?

«J'aime mon métier mais c'est le public qui va décider. En tout cas je n'ai pas envie de me voir vieux avec un Jean-Marc jeune. Ça ne m'intéresse pas ou alors il va falloir que je fasse vieillir Jean-Marc.»

 

Jeff Panacloc se produira à Forest National les 1er et 2 juin 2018.