La Région bruxelloise envisage «une allocation loyer généralisée» pour certains locataires

La Région bruxelloise fait face à une forte demande en matière de logement. Céline Fremault (cdH), la ministre bruxelloise du Logement, présente plusieurs outils afin de faciliter les démarches sur le marché locatif.
par
Camille
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Le gouvernement bruxellois a adopté en première lecture le projet d'allocation loyer généralisée. Quel est l'objectif de ce projet?

Belga / N. Maeterlinck

«Il y a un véritable problème pour l'accès de tous les Bruxellois à un logement décent. Le foncier est de plus en plus rare et cher, la population augmente, et on observe une paupérisation de la population. Dans ce contexte, beaucoup de Bruxellois éprouvent des difficultés à se loger. On compte ainsi 43.000 personnes en attente d'un logement du parc public, alors qu'il offre 40.000 places.»

 

Il y a donc une liste d'attente plus que conséquente…

«La demande est énorme, et les délais d'attente sont trop longs pour beaucoup. Depuis 15 ans, les différents plans logement mis en œuvre n'ont pas apporté de réponse adéquate. On a lancé des plans de construction, mais cela prend du temps. Sur les 5.000 logements publics annoncés il y a 12 ans, seuls 1.600 ont été livrés. Il faut donc trouver d'autres pistes, afin d'aller plus vite. Une des solutions est d'offrir une aide financière aux personnes qui en ont besoin pour se loger dans le parc privé. Le gouvernement bruxellois a adopté en première lecture une allocation loyer généralisée. Elle sera offerte aux foyers éligibles à un logement public mais qui se trouvent sur liste d'attente. On espère qu'il entrera en vigueur en septembre 2018.»

 

Quel sera le montant de cette aide?

«Le montant de base sera de 110 € par mois, qui remplaceront les diverses aides actuelles (aide au relogement, allocation loyer, allocation communale). Il y aura un montant complémentaire de 50 € par personne à charge, avec un maximum de 260€ par mois et par ménage. Il faudra également remplir d'autres critères de priorité, comme le fait d'avoir passé un certain temps sur liste d'attente. On estime que 3.000 à 5.000 ménages seront éligibles. Une enveloppe de 12 millions€ a été prévue.»

Pour de nombreux locataires potentiels, le problème se pose avant même de signer un bail, dans le fait de convaincre un propriétaire.

«C'est une difficulté, et nous l'avons prise en compte. Il sera possible d'obtenir un accord de principe pour cette aide. Le locataire potentiel pourra ainsi assurer son futur propriétaire de sa capacité à supporter le loyer demandé. Et l'aide sera versée dès la signature du bail.»

 

«Il faut occuper les espaces au-dessus des commerces»

La ministre bruxelloise du Logement plaide pour une hausse de l'offre disponible en région bruxelloise. À ses yeux, cela doit passer par différentes solutions. «Nous avons lancé un appel à projet pour convertir des espaces inoccupés au-dessus des commerces», détaille la ministre. Huit projets, pour 23 logements, ont été retenus. Les propriétaires se sont engagés à louer les appartements créés via des Agences immobilières sociales. La région débloquera 658.000€ pour ce projet. «Tout le monde est gagnant», estime Céline Fremault. «Le locataire s'y retrouve, puisqu'il va pouvoir compter sur un logement avec loyer accessible. Le propriétaire aussi, puisqu'il reçoit une aide pour transformer son bien, et qu'il touchera ensuite un revenu locatif. Il faut bien savoir que les travaux pour transformer ces espaces sont parfois coûteux, comme lorsqu'il faut ajouter une entrée. Enfin, dans l'ensemble, chaque nouveau logement contribue à faire baisser la pression sur le marché locatif.» Les projets sélectionnés créeront de nouveaux logements notamment avenue Georges Henri à Woluwé Saint-Lambert, et Chaussée d'Alsemberg à Uccle.

Pour la ministre, il s'agit également de favoriser la mixité sociale dans la région bruxelloise. «Il est important de ne pas avoir uniquement des ensembles de logements publics. Il faut que ceux-ci soient disséminés à travers la Région», explique-t-elle. On compte actuellement quelque 4.800 logements mis à disposition via des Agences immobilières sociales. «Il y en a un peu partout en ville, ce système est un succès», estime-t-elle, alors que les agences immobilières sociales fêteront leurs 20 ans en avril prochain.

 

Une grille indicative pour les loyers

Belga / S. Gremmelprez

Pas toujours simple de savoir ce qu'est un loyer «honnête». La région mettra en ligne à compter du 1er janvier prochain un site offrant une grille indicative (www.loyers.brussels). Le locataire en recherche d'un logement ou le propriétaire qui souhaite mettre son bien sur le marché donne son adresse, la taille du logement, sa note énergétique, précise s'il dispose ou non d'un garage… La grille calcule ensuite une fourchette pour le prix du loyer.

«Le but est d'informer», souligne Céline Fremault. «Informer le locataire, d'une part, qui peut savoir si le loyer demandé correspond aux prix du marché. Et informer le propriétaire, qui ne sait pas toujours pour quel prix il peut mettre son bien en location.» Il ne s'agit par contre en aucun cas d'encadrer les prix des loyers, insiste la ministre du Logement. «Ce site est un outil, il doit servir à titre indicatif. Je ne suis personnellement pas favorable à un quelconque encadrement des loyers. D'ailleurs, les villes qui ont mis en place un tel dispositif sont souvent revenues dessus, par choix ou par décision de justice. Par contre, une information juste et objectivée est nécessaire, pour tout le monde.»