Les Gafa s'intéressent de plus en plus aux enfants

Google, Apple, Facebook et autres Amazon (les Gafa) s'intéressent de plus en plus aux enfants. Une politique qui ne va pas sans inquiéter les parents.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

Messageries dédiées, ordinateurs dans les écoles: des géants technologiques comme Facebook ou Google tentent de fidéliser, dès leur plus jeune âge, les enfants à leurs produits. Facebook a mis pour la première fois le pied sur ce marché sensible en lançant aux États-Unis Messenger Kids, une version de sa messagerie adaptée aux 6-12 ans. Dans cette version, les parents contrôlent par exemple la liste des contacts et il n'y a ni publicité, ni achats intégrés.

Les associations de protection de consommateurs ont réagi plutôt favorablement à cette initiative: le Centre pour la démocratie numérique a reconnu «une approche responsable» de la part de Facebook. Et le Consumer Watchdog a salué les «garde-fous» prévus (en particulier l'absence de publicité). Mais c'est un pis-aller, ont-elles également souligné. «Idéalement, les jeunes enfants ne devraient pas être confrontés à ce genre d'environnement», plaide Jeff Chester, du Centre pour la démocratie numérique. Il constate que «la pression sur les parents pour qu'ils laissent leurs enfants utiliser ces services est énorme». Et il rappelle que l'impact de l'usage de la technologie par les jeunes enfants sur leur développement et sur leur socialisation est encore mal connu.

AFP

«Googlification» des écoles

Les entreprises assurent vouloir protéger les enfants. Pour autant, «elles n'agissent pas par générosité ou bonté d'âme, elles le font pour créer une base de futurs clients fidèles», pointe John Simpson. Pour lui, la démarche s'apparente à celle d'autres entreprises, comme Google. Le groupe inonde depuis cinq ans le système scolaire américain avec ses Chromebooks, des appareils intermédiaires entre ordinateur portable et tablette. Sur son site dédié Google for Education, le groupe cible explicitement les écoles. Il y vante le prix «abordable» de cet équipement et sa «facilité d'utilisation». «C'est pourquoi les écoles américaines en ont fait leur appareil (électronique) numéro un», vante le géant de la Silicon Valley.

 

Vendre aux écoles n'est pas une nouveauté. Apple, Microsoft ou HP le font depuis longtemps. Mais Google a largement triomphé sur ce terrain, au point que le New York Times évoquait récemment la «Googlification des salles de classes». Avec le Chromebook, les enfants sont imprégnés de tout un écosystème d'applications: moteur de recherche mais aussi Google Docs pour rédiger les rédactions, Gmail pour envoyer des courriels, etc. Le géant, qui facture 30 $ de licence par appareil, affirme que plus de 20 millions d'enfants et d'adolescents dans le monde l'utilisent en milieu scolaire.

Les associations s'inquiètent aussi de la protection des données personnelles des enfants collectées par les entreprises. Deux sénateurs américains se sont, eux, saisis du sujet en écrivant jeudi à Facebook pour exprimer leurs inquiétudes sur Messenger Kids, notamment concernant la collecte de données personnelles.