Le secteur automobile pense à la mobilité de demain

Le plateau du Heysel accueillera la 96e édition du Brussels Motor Show du 12 au 21 janvier. Année paire oblige, le Salon de l'auto «traditionnel» fera la part belle aux nouveautés automobiles mais il consacrera pour la première fois un espace à la micro-mobilité et aux services partagés.
par
Gaetan
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À 35 jours du jour J, les organisateurs du Salon de l'auto ont dessiné hier les nouveautés de l'événement phare des véhicules motorisés au siège de la Fédération belge de l'automobile et du cycle (Febiac) à Woluwe-Saint-Lambert.

Si le Salon de l'auto 2018 est un salon «traditionnel» comme chaque année paire, les organisateurs indiquent que les frontières s'effacent entre cette appellation et sa version «utilitaire» des années impaires. En effet, l'édition 2017 avait attiré plus de 437.000 visiteurs alors que le Salon 2016 avait séduit 555.000 personnes.

35 premières

Quelque 80 constructeurs automobiles seront représentés pour la 96e édition du Brussels Motor Show. Les palais du Heysel seront le théâtre de la présentation de 35 nouveaux modèles en Belgique, dont 13 européens et cinq mondiaux, à l'heure où d'autres premières pourraient encore être annoncées. Cette année, l'événement offrira une plus grande surface aux exposants de deux roues au sein des palais 8 et 9 tandis que les autos s'installeront dans les palais 1, 3, 4, 5, 6, 7, 11 et 12.

Parmi les autres nouveautés du salon figura une exposition d'art automobile et de joaillerie au sein d'un palais 1 qui regroupera les constructeurs de prestige. Et vu que le Salon se veut un événement intergénérationnel, un espace réservé aux enfants a été mis sur pied en collaboration avec Disney et une cinquantaine de planches originales issues des aventures de Michel Vaillant seront exposées.

Ode à la multimodalité

Évoquant une mue entamée en 2015, le Salon dédiera surtout cette année un palais complet (le palais 10) aux nouvelles solutions de mobilité sous l'exposition thématique «We are mobility», disponible pendant quatre jours du 18 au 21 janvier.

Monoroues gyropodes, trottinettes électriques, hoverboard et autres modes de déplacements seront présentés et parfois proposés à l'essai. «Autant de solutions qui doivent aider l'usager à parcourir le dernier kilomètre de son trajet», selon Pierre Lalmand, directeur général du Salon.

Des conférences seront données tant par des entreprises que des start-up -belges et étrangères- à la pointe en matière de mobilité de demain alors qu'un hackathon et un crowdfunding seront organisés pour soutenir l'innovation. Des ateliers pratiques seront également dispensés pour sensibiliser le public aux nouvelles technologies qui façonneront le secteur automobile de deamin, à l'image de l'internet des objets, la blockchain et la réalité virtuelle et augmentée.

«Nos villes ne sont pas prêtes»

Photo D. R.

Conscient de sa responsabilité en matière de mobilité, le secteur automobile porte de grands espoirs sur les voitures autonomes. Mais il attend des politiques l'encadrement nécessaire d'une technologie qui arrive à maturité, indique le directeur de la communication de la Febiac Joost Kaesemans

En quoi les segments de mobilité douce et de services partagés sont-ils importants pour le secteur automobile?

Depuis l'origine de la voiture, on pense qu'il faut acheter une voiture pour en utiliser une. Aujourd'hui, les nouvelles technologies permettent de rompre cette constante. De nouveaux services voient le jour -tel que BMW et DriveNow ou D'ieteren (VW) et «Poppy»- et je pense que dans le futur, avec le développement de la voiture autonome, ça sera la vraie révolution, surtout en ville. Depuis des dizaines d'années, les constructeurs changent leur business model ou ajoutent de nouveaux services à ce qu'ils font depuis le début. En tant que fédération, la Febiac doit leur donner tous les moyens pour développer ces activités mais d'un autre côté, en tant que représentant du secteur automobile, nous devons assumer une responsabilité quant aux problèmes de mobilité. Alors, il n'y a pas qu'une seule solution mais plusieurs. Et la promotion de la co-modalité en est une. C'est la raison pour laquelle nous mènerons une réflexion sur la mobilité urbaine et la co-modalité pendant quatre jours.

Nos villes sont-elles prêtes à l'arrivée de la voiture autonome?

Non. Loin de là. Nous conscientisons le monde politique sur le potentiel unique de cette technologie. Mais avant de pouvoir lancer nos produits qui sont déjà à un stade évolué, un travail d'anticipation est obligatoire. Il faut se préparer au niveau des homologations, des accès et des transformations du réseau routier, de la signalisation qui doit être précise, etc. Une voiture qui reste dans une bande de circulation demande par exemple un marquage au sol sans faille. Si un véhicule doit décélérer à l'approche d'une agglomération, son GPS et sa carte digitale doivent être infaillibles. Notre message, c'est: oui on s'occupe de cette évolution mais on ne peut pas le faire tout seul'.

Que manque-t-il pour voir l'éclosion de ce segment dans nos rues?

Il y a un manque de moyens, de vision et de coordination au niveau européen. On ne peut pas développer ce système pour une seule ville, une seule région ou un pays. Ce développement doit se faire à plus grande échelle. Si certaines technologies semblent encore farfelues à l'heure actuelle, elles permettront de résoudre un certain nombre de problèmes de sécurité, de mobilité et d'environnement.

 

Gaëtan Gras