Sida : Une situation préoccupante à Bruxelles

Le nombre de contaminations au VIH a diminué de 10% en Belgique au cours de l'année écoulée. «À Bruxelles, on ne constate pourtant qu'une baisse beaucoup moins notable», déplore Pierre Mayeur, Président d'ExAequo.
par
Camille
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Le nombre global de contaminations au VIH a baissé. À Bruxelles, la situation reste préoccupante, notamment pour certains publics…

Ph. D.R.

«On constate, au niveau belge, une baisse de 10% du nombre de nouvelles contaminations. Cette baisse n'est que de 8% à Bruxelles, et de 2% chez les homosexuels. On constate aussi que 25% des nouvelles contaminations sont enregistrées à Bruxelles, ce qui est bien plus que le poids de la population bruxelloise dans le pays.»

 

Comment expliquer cette différence?

«Tout le monde n'est pas exposé de la même manière au VIH. L'Onusida recommande ainsi de faire des efforts de prévention particuliers sur les publics qualifiés de cible, comme les hommes homosexuels. On les retrouve souvent dans les centres urbains, où ils sont moins victimes de discrimination. Un autre public cible est le groupe des migrants subsahariens, que l'on trouve également plus nombreux à Bruxelles que dans le reste du pays. La plus grande prévalence du virus au sein de ces groupes explique que l'épidémie y recule moins vite.»

 

Qu'est-il possible de faire pour inverser la tendance?

«San Francisco a réduit le nombre de nouvelles infections de moitié en quatre ans. Il est donc possible d'agir. Il est nécessaire de mettre en place une prévention combinée. L'utilisation du préservatif et de gels spécifiques produit des effets, mais ne constitue qu'une part de la réponse. La PrEP est un autre élément de réponse. Ce médicament, pris avant un rapport sexuel non protégé avec un partenaire dont on ne connaît pas le statut, permet d'éviter la contamination si on entre en contact avec le virus. Elle est remboursée depuis juin, et cela devrait bientôt produire ses effets. On peut également compter sur les nouveaux traitements, qui permettent de réduire la charge virale à un niveau indétectable. Il est alors possible d'avoir un rapport non protégé sans contaminer le ou la partenaire.»

Le dépistage, justement, est l'un des points faibles à Bruxelles.

«Il faut faire plus de ce côté-là, notamment en matière de financement. Nous plaidons pour un objectif de 3x90: dépister 90% des personnes séropositives, donner un accès aux soins à 90% de ces personnes, et que 90% des personnes traitées atteignent une charge virale indétectable. Les résultats sont bons pour les deux derniers points. Mais on estime que seul 80'% des personnes contaminées sont conscientes de leur situation.»