La forêt amazonienne, source de vie des indiens Waiapi

Quand Japarupi Waiapi arpente la végétation luxuriante de la forêt amazonienne, c'est comme s'il se rendait au supermarché ou à la pharmacie. Le "poumon de la planète" regorge de richesses naturelles qui permet à sa tribu vivant au nord du Brésil de subvenir à ses besoins, sans nécessité de contact avec le monde extérieur.
par
Gaetan
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Pour la nourriture, le menu est des plus varié et il n'y a qu'à se servir: noix de coco, bananes et tubercules de toutes sortes poussent en abondance. Sans compter la faune qui fait le bonheur des chasseurs et des pêcheurs.

 

La diversité de la flore offre aussi une infinité de possibilités. L'écorce des arbres a des vertus médicinales et le bois peut être utilisé aussi bien "pour la chaume des toits, que pour les arcs ou la pointe des flèches", explique Japarupi, âgé de 45 ans.

La jungle amazonienne fournit aussi de quoi fabriquer une multitude d'objets, des sacs à dos en feuille de palme aux pailles taillées dans le jonc en passant par les outils sculptés sur des os d'animaux.

AFP / A. GOMES

"Fais confiance à la forêt"

"Nous ne dépendons pas du commerce, ni de l'argent", explique Japarupi, justifiant ainsi l'isolement de la tribu Waiapi, qui n'a été découverte que dans les années 1970 par le gouvernement brésilien.

"Je dis à mon fils: tu n'as pas à dépendre de l'homme blanc. Fais confiance à la forêt, aux rivières", ajoute-t-il.

Mais les quelque 1.200 membres de la tribu Waiapi savent que la source de leur subsistance est aujourd'hui plus que jamais menacée.

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Leur territoire est situé au sein d'une zone protégée appelée Renca. En août, le président conservateur Michel Temer a publié des décrets modifiant le statut de réserve naturelle de la Renca et qui autorisent de fait les compagnies minières à y prospecter, à la recherche d'or et autres minerais.

Le gouvernement a fini par faire machine arrière, après avoir subi une avalanche de critiques, mais les Waiapi restent sur leurs gardes.

"C'est nous qui vivons dans cette forêt et nous nous devons de la préserver", affirme Tapayona Waiapi, 36 ans, qui vit à la frontière du territoire de la tribu.

Esprit de la forêt

Si une personne venue de l'extérieur décide de s'aventurer dans ce territoire, elle a plutôt intérêt à savoir où elle met les pieds.

Jawaruwa Waiapi, 31 ans, vêtu d'un simple pagne rouge, désigne une plante à longues tiges fines qui semble inoffensive et évite de s'en approcher: elle est empoisonnée. "Ici, c'est l'Amazonie, tout peut arriver".

Mais ces dangers ne sont rien à côté de tous les bienfaits de la forêt. Akitu Waiapi, 24 ans, s'arrête tous les vingt mètres pour expliquer les vertus médicinales de tel ou tel arbre. L'écorce de l'un aide à faire baisser la fièvre, celle d'un autre à soulager les problèmes de diarrhée.

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De nombreux troncs portent la marques des écorces retirées avec soin selon les besoins de la tribu.

Pour les Waiapi, la forêt recèle aussi une force invisible, les esprits qui habitent aussi bien les arbres que les cours d'eau ou les animaux. Un arbre en particulier, aux bois très dur et aux racines imposantes, "abrite toute une communauté d'esprits", explique Jawaruwa Waiapi. "Tout est à l'intérieur, on ne peut pas le voir", précise-t-il.

Des messages des animaux

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les Waiapi, comme d'autres tribus autochtones du Brésil, pratiquent l'agriculture sur brûlis. Une méthode dévastatrice à grande échelle, mais contrôlée avec soin par la tribu, qui ne brûle que d'infimes parcelles de forêt.

Les cendres aident à fertiliser le sol, où les Waiapi plantent surtout du manioc. Après l'avoir cultivé pendant un temps, ils l'abandonnent pour qu'il puisse se régénérer et laisser la végétation luxuriante repousser.

Japarupi Waiapi assure que son peuple sait reconnaître "quand la terre est fatiguée".

"Quand tu vis dans la forêt, quand tu apprends à écouter la musique des animaux qui vivent ici, tout devient différent", explique-t-il, en dégustant de la viande de singe fumée. "Nous comprenons les animaux et nous leur parlons", ajoute Japarupi.

Face au regard incrédule des visiteurs, il joint les deux mains près de sa bouche et émet trois sifflements, chacun avec sa propre vibration.

Cinq secondes plus tard, un oiseau semble lui répondre au loin. Pour le moment, les Waiapi arrivent encore à vivre en harmonie avec la forêt.