COP23 : L'Accord de Paris passe par les tourbières du Congo

A des milliers de kilomètres de la conférence de Bonn, la lutte contre le réchauffement climatique se joue aussi dans les tourbières du bassin du Congo.
par
Camille
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Les tourbière du bassin du fleuve Congo retiennent des tonnes de carbone. Leur rejet dans l'atmosphère porterait un coup fatal à l'accord de Paris. Responsable «projet forêt» au sein de l'ONG Greenpeace, Matt Dagget explique : «la forêt équatoriale du bassin du Congo est la deuxième plus importante au monde (ndlr: après l'Amazonie). Nous savons depuis des années qu'elle est cruciale pour la biodiversité des animaux et des plantes. Avec cette découverte, nous avons aussi appris qu'elle est cruciale pour le climat».

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Expert scientifique de Greenpeace, Simon Lewis veut donner la mesure de l'importance des tourbières du bassin du Congo: «Nous avons publié pour la première fois cette année une carte qui montre qu'elles couvrent 145.000 km2, soit une zone un peu plus grande que l'Angleterre. Nous pensons qu'elles stockent environ 30 milliards de tonnes de carbone.» Cela représente autant de carbone que les émissions d'énergie fossile de toute l'humanité sur trois ans.

Miser sur les villageois de la RDC

Greenpeace a prélevé des échantillons de ces tourbières. Selon ses premières conclusions, il faut protéger les sols et sous-sols de cet endroit du monde pour ne pas accélérer le réchauffement climatique et respecter l'accord de Paris signé en 2015. Celui-ci prévoit de plafonner la hausse des températures à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. «Si les tourbières s'asséchaient, si elles étaient transformées en espace agricole, le carbone stocké dans les sous-sols seraient relâché dans l'atmosphère et cela aggraverait le problème du changement climatique» prévient Simon Lewis.

 

Pour éviter une telle catastrophe, Greenpeace mise sur les villageois, leur mode de vie séculaire, leur attachement ancestral et spirituel à la forêt. «Que les communautés continuent de faire ce qu'elles ont toujours fait: pêcher, vivre dans les forêts, c'est la meilleure manière de les protéger», assure Matt Dagget de Greenpeace.

La RDC appelle à l'aide internationale

Ce message peut facilement passer auprès des quelques centaines d'habitants de ce village de Lokolama qui vivent très pauvrement (cueillette, agriculture, chasse, pêche...). Mais leur misère peut aussi reléguer au second plan la protection de l'environnement. «Tout le monde fait pression sur la forêt», déplore un habitant, Valentin Engobo, représentant des peuples autochtones de Lokolama. Il met cette pression sur le compte d'une «pauvreté extrême». «Au lieu de créer des activités génératrices de revenus afin de donner un peu de repos à la forêt, nous la détruisons afin de chercher des moyens de survie», déplore-t-il.

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Le gouvernement congolais profite de la COP23 pour lancer un appel à l'aide internationale. «Les efforts de la RDC pour protéger les forêts ne sont pas suffisamment rétribués par la solidarité internationale», regrette un conseiller du ministre de l'Environnement, Joseph Katenda. «Le pays s'attendait à des financements conséquents pour mettre en œuvre des projets de développement en faveur des communautés locales et d'une agriculture durable qui limite la déforestation. L'Etat n'a pas les moyens», prévient-il.