Semaine décisive pour l'autorisation de commercialisation du glyphosate

Les États membres de l'Union européenne doivent se prononcer mercredi sur l'autorisation de commercialisation du glyphosate, une substance accusée d'être cancérigène.
par
Camille
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«D'étude en étude, d'agence en agence, d'expert en contre-expert, les avis se succèdent et se contredisent sur le caractère cancérigène du glyphosate», constate l'eurodéputée Frédérique Ries (MR). Dans ces conditions, elle plaide pour arrêter à court terme la commercialisation de tout produit contenant cette substance. «Nous ne faisons rien d'autre, dans le brouillard, que de réclamer l'application du principe de précaution.»

Le glyphosate, une substance produite par la multinationale de la chimie Monsanto, est au cœur d'une polémique. L'Organisation mondiale de la santé qualifie la molécule de «cancérigène probable», contrairement aux agences européennes, l'Efsa et l'Echa. L'avis de ces dernières est critiqué, alors qu'elles sont accusées de baser leurs conclusions sur des études produites par la société Monsanto elle-même. Et récemment, des documents internes à Monsanto ont fuité, laissant penser que l'entreprise aurait influencé des études pour minimiser les effets de cette substance. Certains médias études non publiées auraient même fait le lien entre le Roundup et des cancers.

La Belgique hésite

La Commission a proposé mi-juillet de renouveler la licence du glyphosate pour dix ans. Pour être entérinée, cette décision devra être validée à la majorité qualifiée, 16 États sur 28 représentants au moins 65% de la population de l'UE.

Les 28 sont divisés sur la question. La France, l'Autriche et l'Italie ont en tout cas chacune publiquement déclaré qu'elles refuseraient une autorisation pour dix ans. La Belgique, quant à elle, est plus hésitante. Le ministre de l'Agriculture Denis Ducarme (MR), juge la proposition de la Commission «insatisfaisante». Impossible pour la Belgique, dès lors, de soutenir la proposition. Mais le ministre n'a pas dit si elle s'opposerait, ou se contenterait de s'abstenir. «C'est un sujet très délicat», justifie-t-il. «On ne peut pas négliger les aspects environnemental et sanitaire, ni le fait que c'est aussi un produit très utilisé dans l'agriculture», rappelle-t-il.

Le Parlement veut agir

La semaine passée, la commission environnement du Parlement européen s'est prononcée pour une interdiction totale du glyphosate en décembre 2020. «Trois ans est un délai raisonnable pour que les agriculteurs, principaux utilisateurs de cet herbicide, aient la possibilité de se retourner et de passer à des alternatives», souligne Frédérique Ries. Le texte doit être voté cet après-midi en plénière. Le résultat s'annonce d'ores et déjà serré.

Quel qu'il soit, l'avis du Parlement européen ne sera que consultatif. Mais une demande d'interdiction rapide de cette substance viendrait s'ajouter à la pétition ayant recueilli plus de 1,3 million de signatures pour mettre un terme à l'usage de cette molécule.