Ben Mazué, chanteur idéal

Auteur, compositeur, interprète, et médecin dans une autre vie, Ben Mazué a plus d'une corde à son arc. Après s'être essayé au rap puis au slam, il manie une fois de plus les mots avec intelligence en nous entraînant dans l'univers de «La femme idéale». Avec «J'arrive», l'artiste donne le ton d'un futur album à succès.
par
Laura
Temps de lecture 3 min.

Vous aviez de l'amour à revendre dans cet album.

«C'est ma manière d'écrire, je rends hommage. C'est vraiment un format qui me plaît et dans lequel je me sens à l'aise. Il y a des hommages à l'amour qui dure parce que c'est quelque chose qui me fascine. C'est un sentiment inexplicable, brut, qui vient de l'intérieur, très animal. Et pour autant on se rend compte que l'on peut l'entretenir à travers des efforts. Il y a une dualité assez intéressante.»

Qui est cette «femme idéale»?

«Dans la chanson je parle plutôt d'une quête que d'une femme, de cette difficulté de devoir tout mener de front. Mais ça arrive aussi à certains hommes de devoir tout mener de front, d'essayer d'être la femme idéale, d'être un père parfait, un amant magnifique, un super professionnel (rires). Mais si on revient à la question, pour moi la femme idéale, c'est Simone Veil ou Charlotte Gainsbourg. C'est en fait une femme qui assume ses choix.»

Sur l'album précédent, il y avait du slam. Comment décririez-vous celui-ci?

«Je considère que je fais de la chanson française. C'est de la musique où il faut comprendre les paroles pour être ému et là, en l'occurrence, c'est le cas. Ça apporte une émotion spontanément et indispensable.»

Vous avez d'ailleurs une certaine aisance à jouer avec les mots.

«Oui mais ça n'a pas été facile. Pour moi, au début, faire le métier de musicien, c'était se lever le matin à 9h et faire des chansons jusqu'à 18h. Mais je n'y arrivais pas.»

Pourquoi?

«Parce que ce n'est pas du tout comme ça qu'il faut voir ce métier. Avant, j'avais un métier très laborieux, classique, qui était médecin. Du coup le jour où j'ai pu faire de ma musique un métier, j'étais hyper et concentré sur le fait que c'était un travail. Mais je me suis rendu compte que ce n'est pas comme ça qu'on fait des chansons mais plutôt en voyageant, en rencontrant des gens, en allant au cinéma, en vivant des choses fortes, difficiles, grandes, en se rapprochant un maximum de ce que ça peut être d'être un amateur.

Comment passe-t-on de médecin à chanteur?

«J'avais envie et besoin de vivre d'autres aventures. Je n'ai jamais pensé que je ferais le même métier toute ma vie. Quand je rencontre d'autres artistes, je me rends compte qu'on a tous des parcours singuliers avant d'arriver à ça. En fait, j'ai un parcours assez ordinaire.»

La chanson ‘Elodie' correspond d'ailleurs à autre moment de votre parcours.

«L'histoire de cette chanson est un peu particulière. Il y a un an et demi, on m'avait demandé d'animer un atelier pour pôle emploi. Les chômeurs devaient répondre à un questionnaire à travers des chansons qui les avaient marqués et forcément, ils racontaient leur vie. Elodie était une des participantes.»

«10 ans de nous» est encore plus symbolique. C'est ce que vous vivez?

«Oui c'est très personnel. Je parle de moi dès lors que je considère que c'est une émotion qui est partageable, qu'il y a une forme d'universalité qui va raisonner chez les autres. Si dans ce que je vis il y a quelque chose que je ne trouve pas littéraire, je vais le remplacer.

Y a-t-il un artiste qui vous inspire?

«J'ai été pas mal inspiré par un spectacle de Jacques Gamblin qui s'appelait «Tout est normal mon cœur scintille», sur lequel j'ai carrément flashé. Il raconte sa vie en y mettant de la poésie et de la danse. Moi, je ne sais pas danser alors j'y ai mis des chansons.»

Et côté musique?

«Un mec comme Renaud m'a beaucoup inspiré parce qu'il a osé parler de sa femme, de sa fille, de ses problèmes. J'ai beaucoup aimé Gainsbourg qui a réussi à faire de la chanson française un laboratoire et a complètement cassé les codes. Mais j'ai beaucoup aimé le rap en général parce que c'est de la poésie.

 

Ben Mazué sera en concert le 29 mars 2018 au Botanique