Quand arrêter de fumer coûte plus cher que continuer

La proportion de fumeurs se stabilise en Belgique mais les chiffres de la Fondation contre le cancer masquent une réalité plus sombre. Les milieux défavorisés comptent de plus en plus de tireurs de clopes dans leurs rangs car, parfois, arrêter de fumer coûte plus cher que continuer.
par
Gaetan
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D'après l'enquête 2017 de la Fondation contre le cancer sur le tabac (menée durant l'été 2017 auprès d'un échantillon représentatif de 3.000 personnes), le nombre de fumeurs reste stable en Belgique où une personne sur cinq consomme quotidiennement du tabac. Mais à la loupe, ces chiffres sont à nuancer, nous confie Régine Colot, la tabacologue qui a réalisé l'enquête. «Certes, le nombre total de fumeurs reste inchangé mais l'écart entre les milieux défavorisés et les milieux favorisés se creuse. Les personnes sans-le-sou fument davantage d'années en années tandis qu'on observe une diminution de la consommation dans les milieux aisés.»

Les précarisés plus démunis face au tabac

Photo D. R.

Ce constat est alarmant, d'après notre expert, vu que ce sont ces milieux qui peinent le plus dans l'arrêt définitif de la cigarette. Patches, sprays, chewing-gum, comprimés, inhalateurs… Pour aider leurs patients à arrêter de fumer, les spécialistes disposent d'une armada d'outils de sevrage qui seront administrés en fonction du profil du consommateur à traiter.

Et parfois, les substituts nicotiniques coûtent plus cher que le tabac. «Pour les gros fumeurs qui ont besoin de combiner plusieurs systèmes vu leur forte dépendance, il est malheureusement plus onéreux d'acheter des substituts que des seaux de tabac», regrette Madame Colot.

«Depuis de nombreuses années, nous demandons de nouvelles mesures pour aider les milieux défavorisés à encaisser le coût d'une thérapie. Nous ne voulons pas dépenser abusivement l'argent de l'État mais nous aimerions un remboursement pour certains cas, notamment des personnes précarisées en assurant un suivi.»

Vapoter, une solution?

Toujours d'après l'enquête, si la majorité des Belges fumeurs (66%) consomme des cigarettes traditionnelles, la cigarette électronique réalise une percée conséquente sur le marché belge, se réjouit la fondation qui prête à l'objet une nocivité moindre. En effet, quelque 14% de la population âgée de 15 à 75 ans ont déjà vapoté (contre 10% en 2015) parmi laquelle seuls 3% restent des fumeurs actifs.

BELGA / N. MAETERLINCK

La cigarette électronique est considérée par les experts comme un bon outil de sevrage, «à condition de bien gérer les doses et d'utiliser l'appareil comme une transition vers un arrêt total car les risques ne seront connus que dans plusieurs années», martèle la tabacologue qui recommande aussi l'accompagnement d'un professionnel. «Le fumeur qui essaye d'arrêter a généralement besoin d'en parler. Le soutien des proches est important mais un professionnel de santé est formé pour éponger le surplus émotif.»

Rappelant que la meilleure solution, «c'est de ne pas fumer», la Fondation contre le cancer préconise aux autorités politiques d'interdire la clope en voiture en présence d'enfants et d'adopter des paquets neutres (sans logo ou couleurs attractives), à l'image de ce qui se fait en France, au Royaume-Uni et en Irlande. Reste au principal intéressé à franchir le pas. Pour rappel, la dernière étude de l'institut fédéral de Santé publique a établi que le tabac volait en moyenne neuf années de vie au fumeur belge.

Gaëtan Gras