Dans les épiceries sociales, on est des clients comme des autres

Dans les épiceries sociales, les personnes précarisées peuvent accéder à des produits, alimentaires ou non, à moindre coût. Dans les Marolles, les Capucines accomplissent cette mission.
par
Nicolas
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Hier, seuls les travailleurs des Capucines s'affairent dans le magasin. Cette épicerie sociale privée n'ouvre que deux jours par semaine, les mardis et vendredis pour recevoir ses clients. Ceux-ci sont des personnes qui n'ont plus les moyens d'acheter un panier décent dans les supermarchés. Ils peuvent venir ici s'approvisionner à moindre coût pour nourrir leur famille. Les produits coûtent en moyenne entre un tiers et la moitié de leur valeur dans les circuits traditionnels de la distribution.

Du frais

«Les critères d'accès à l'épicerie sont définis à l'avance. Comme nous sommes une initiative privée, ne recevant aucun subside pour l'épicerie, c'est nous qui les fixons. Une quarantaine de partenaires, des services sociaux, les mettent en œuvre et fournissent des attestations d'accès valables d'un à trois mois, renouvelable jusqu'à un an», nous explique Émilie Many, directrice des Capucines. En moyenne, les clients peuvent ici dépenser 16€ par semaine pour des produits non périssables. «Les produits frais ne sont pas inclus parce que nous encourageons leur consommation.» Ces produits frais, l'épicerie sociale les reçoit de l'enseigne de distribution Carrefour avec laquelle elle est en partenariat. Pour garnir ses rayons, les Capucines partent aussi à la recherche d'invendus, notamment par la plateforme www.bourseauxdons.be.

Des clients et non des bénéficiaires

Aujourd'hui, les clients se presseront dans les rayons pour faire leurs achats, conseillés par les vendeurs lors de dégustation. «Clients» pas «bénéficiaires», la différence est importante pour Émilie Many: «Nous ne sommes pas dans une logique de banque alimentaire, on est dans un magasin, ces gens sont nos clients, ils ne doivent pas avoir honte de venir.» L'ASBL revendique un droit, celui de s'offrir les produits auxquelles ces clients auraient droit dans la grande distribution, des marques notamment. C'est une histoire de dignité, nous explique la responsable de l'ASBL qui s'est fixé trois axes: budget-santé-plaisir. L'association lance d'ailleurs un appel à tout un chacun qui pourrait convaincre l'un ou l'autre fournisseur de lui confier les invendus.

La réinsertion par le travail

Dans les Marolles, quartier particulièrement populaire de la capitale, les familles sont nombreuses à venir faire leurs achats ici. Mais elles viennent également de tout Bruxelles. Deux cents familles peuvent avoir accès simultanément à ce service mais toujours en passant par un service social partenaire (une quarantaine pour le moment). De plus en plus d'épiceries sociales ouvrent en région bruxelloise, le signe que la précarité des ménages est loin d'avoir disparu.

Outre sa mission d'épicerie sociale pour laquelle elle ne reçoit pas de soutien financier, l'ASBL les Capucines forment des personnes en décrochage professionnel aux métiers de la distribution au titre d'Initiative locale de développement économique, agrément pour lequel elle reçoit un soutien régional. Les réassortisseurs et vendeurs signent ainsi des contrats «Article 60» via leur CPAS et tentent de reprendre pied dans le monde du travail.