La CDU de Merkel en tête des législatives en Allemagne

La CDU/CSU, formation politique de la chancelière sortante Angela Merkel, a remporté le scrutin fédéral de dimanche avec quelque 32,5% des voix, selon les projections de la télévision publique ARD. L'extrême droite arrive en troisième position
par
Nicolas
Temps de lecture 2 min.

L'AfD, parti d'extrême droite, réalise une score historique avec 13,5% des suffrages, qui en font la troisième force politique du pays.

Une coalition sans les socialistes

Les sociaux-démocrates du SPD, partenaires de coalition de Mme Merkel, arrivent en deuxième position avec 20% des voix. Il s'agit du plus mauvais score de la formation de centre-gauche depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le SPD refuse d'entrer dans une nouveau gouvernement aux côtés de la chancelière, ont indiqué plusieurs responsables sociaux-démocrates. Avec quelque 20% des suffrages, le parti de centre-gauche réalise son plus mauvais score électoral depuis la Seconde Guerre mondiale.

AFP / P. Stollarz

En début d'année, l'arrivée de l'ancien président du Parlement européen Martin Schulz comme figure de proue de la campagne avait revigoré le SPD. L'effet Schulz est cependant vite retombé, laissant le champ libre à la chancelière Merkel pour une quatrième victoire électorale de suite.

«Nous avons reçu un mandat clair des électeurs pour aller dans l'opposition», a déclaré l'une des responsables du parti, Manuela Schwesig, sur la chaîne de télévision ZDF. «Pour nous, la grande coalition (avec les conservateurs) s'achève aujourd'hui», a-t-elle ajouté.

Cela compliquera l'exercice pour la chancelière qui doit donc convaincre a priori et les libéraux du FDP, qui obtiendraient 10,5% des voix, et les Verts, estimé à 9,3%, de gouverner avec elle. Les deux formations se sont opposés sur plusieurs sujets pendant la campagne, notamment la politique énergétique et l'Union européenne.

L'extrême droite troisième

Ce quatrième succès de la chancelière est assombri pour elle par le résultat de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti anti-immigration, europhobe et islamophobe, qui ressort troisième avec environ 13%, selon les sondages, et provoque un choc pour le pays.

Répondant à la chancelière qui faisait campagne pour la continuité dans la prospérité, un message destiné à rassurer face aux crises du monde, l'AfD a tiré à boulets rouges sur Angela Merkel durant la campagne, prenant pour modèle le président américain Donald Trump et les partisans de la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne.

Les ténors de l'AfD se félicitent de leurs résultats - AFP / J. MacDougall

Thème de prédilection de cette droite dure: accuser la cheffe du gouvernement de «trahison» pour avoir ouvert le pays en 2015 à des centaines de milliers de demandeurs d'asile majoritairement musulmans.

Illustration du séisme, le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a estimé juste avant le scrutin que l'entrée de l'AfD au Bundestag marquerait le retour des Nazis «pour la première fois depuis plus de 70 ans».

«Nous l'avons fait! Nous allons changer ce pays», s'est écrié Alexander Gauland dimanche soir, l'un des leaders de la formation. «Le fait que nous soyons le troisième parti du pays signifie que ce gouvernement doit s'habiller chaudement dorénavant! Nous allons les chasser! Nous allons chasser Merkel et les autres! Et nous allons reprendre notre pays et notre nation en main», a-t-il déclaré.

En 2013, l'AfD avait déjà failli entrer au Bundestag, mais avait manqué de justesse le seuil électoral des 5%.

Appel aux écologistes et aux libéraux

 

2. Hochrechnung von 18:35 Uhr. Nach der Sitzverteilung rechnerisch möglich: "Jamaika" oder Groko; letzteres schließt die SPD aus. #btw17 pic.twitter.com/9ZmteJAms7

— tagesschau (@tagesschau) 24 septembre 2017

Par ailleurs, cette percée nationaliste et les 9% enregistrés par Die Linke signifient que près d'un quart des électeurs ont choisi les extrêmes. Ce phénomène, bien connu en Europe, avait jusqu'ici épargné l'Allemagne.

Angela Merkel se voit ainsi obligée de mener des discussions avec le FLP et les écologistes. Ces tractations pourraient prendre plusieurs mois.

Les couleurs de la prochaine coalition auront une importance capitale pour une série de sujets brûlants comme les réformes de la zone euro, l'avenir de la relation transatlantique ou encore la question des sanctions imposées à la Russie.