Pascal Smet : «Les Bruxellois ont le droit de vivre dans une ville agréable»

Les efforts entrepris pour changer le visage de Bruxelles ne vont pas sans difficultés pour les automobilistes. «On va faire de Bruxelles une ville agréable à vivre pour ses habitants», se défend Pascal Smet, le ministre de la Mobilité (sp.a).
par
Camille
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L'été a été marqué par de nombreux travaux sur les routes bruxelloises. Les automobilistes se disent exaspérés…

«Il y a, en effet, pas mal de travaux en ce moment, et cela provoque des nuisances. Ces problèmes sont surtout critiqués par les navetteurs. Je comprends leur gêne, et on fait le maximum pour la limiter: nous avons coordonné les travaux afin de réduire leur durée, nous avançons autant que possible en soirée et le week-end… Mais ils doivent bien comprendre que, si eux doivent pouvoir venir travailler à Bruxelles, les Bruxellois ont le droit de vivre dans une ville agréable, et cela demande des travaux. Pour le moment, les habitants de la Région subissent quotidiennement les files et un air pollué. Ça n'est pas tenable.»

Il a été décidé de réduire la place de la voiture dans la ville afin de lutter contre ces deux problèmes. Quelles sont les alternatives offertes?

«Les chantiers actuels sont nécessaires pour développer les alternatives. Nous sommes en train de doter la petite ceinture d'une piste cyclable. Car l'un des freins à l'utilisation du vélo à Bruxelles, c'est l'absence de sites propre sécurisés. On doit répondre à cette attente. La petite ceinture a été divisée en huit zones. Les travaux ont déjà commencé sur certaines, et seront lancés d'ici quelques semaines à Yzer. Cinq zones doivent encore être soumises à une enquête publique. Mais la piste devrait être bouclée d'ici 2 ans. Nous investissons également dans le prolongement de certains métros et tramways, comme la ligne 22 vers Jette, la ligne 94 vers Rodebeek, puis Bordet et l'aéroport.»

Cela fait beaucoup de chantiers à la fois…

«La région bruxelloise a accumulé de nombreux retards pour la rénovation de ses infrastructures et la construction de nouvelles. Nous payons les retards du passé. Nous devons régler ce problème d'infrastructures afin d'avoir demain une ville agréable à vivre.»

Les automobilistes se sentent oubliés de ces rénovations.

«Nous rénovons les tunnels, ce qui n'est quand même pas rien. Je ne suis pas anti-voitures. Simplement, le modèle des cinquante dernières années avec une personne par voiture ne fonctionne plus. Et ça, Touring doit le comprendre. Ils voudraient qu'on étale les chantiers dans le temps. Mais à ce rythme, on y sera encore dans 100 ans. Pour le moment, on a l'impression que leur devise, c'est ‘Tout pour les navetteurs, rien pour les Bruxellois'! Non… Le modèle du tout voiture est dépassé. Tous ceux qui ont accès à une alternative doivent s'y mettre.»

Chacun se trouve une raison légitime pour prendre la voiture, et estime que les transports en commun sont pour les autres.

«Chaque conducteur doit revoir son comportement. Cela nécessite une meilleure communication, fin de faire connaître les alternatives. Je suis toujours étonné de voir des navetteurs passer 1h30 dans leur voiture à cause des files alors qu'il existe des alternatives plus rapides. La voiture doit rester la solution de ceux qui' n'ont pas le choix. Et ceux-là doivent partager leur véhicule. Nous travaillons avec les entreprises afin qu'elles favorisent le covoiturage entre leurs employés.»

L'une des conséquences de la circulation dans Bruxelles et la pollution d l'air. Des associations attaquent la Région en justice pour ce problème. C'est justifié?

«Il est important que les citoyens mettent la pression sur les politiques. C'est compliqué, car les politiques veulent faire plaisir à leurs électeurs, les citoyens ne veulent pas trop de changement… Alors on n'avance pas! Et c'est pourtant nécessaire! C'est là que les pressions citoyennes peuvent être utiles. C'est comme cela que les Bruxellois auront une ville agréable à vivre.»

Vélo électrique : Billy VS Villo !

Villo ! tarde à proposer des vélos électriques sur son réseaux de stations. Ils seraient pourtant utiles aux usagers, pour se jouer du relief, et pour compenser le poids des deux roues. Pascal Smet a bien testé un Villo ! électrique, qu'il juge être un «bon vélo». La région discute avec l'opérateur afin qu'il l'introduise sur le réseau bruxellois. Mais c'est une autre société qui pourrait régler la question. La startup Billy va proposer une flotte de vélos électriques en free floating (les vélos ne sont pas liés à une station, mais sont mis à disposition via une app' et localisés via un GPS). «C'est une bonne initiative» estime le ministre de la Mobilité. «Ce service sera complémentaire de Villo !, comme le sont les flottes de car sharing par rapport à Cambio.»