La mode, terre de reconversion pour cadres new-yorkais

Une modeste maisonnette dans un quartier industriel de Brooklyn: c'est là, loin des beaux bureaux avec vue sur Madison Avenue où il gagnait des fortunes comme banquier, qu'Eric Steffen a installé son atelier.
par
Stefan
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A 39 ans, il s'est réinventé tailleur de pantalons sur mesure: dans la cave de cette maisonnette, l'ancien banquier a installé table à découper et rouleaux de tissus denim et velours. De banquier d'affaires à auto-entrepreneur dans la confection, la reconversion est difficile et la réussite de son entreprise, “Fitted Underground”, pas garantie.

Mais dans une ville comme New York où la mode est omniprésente, Eric n'est pas le seul. Des milliers de jeunes loups de la finance ou du droit rêvent d'un métier plus créatif. Ils ont l'avantage d'avoir les moyens financiers pour tenter l'aventure.

Bouche à oreilles

“J'aimais vraiment mon boulot, son rythme rapide, la combinaison de compétences”, explique Eric Steffen. “Mais je n'aimais pas travailler pour une entreprise dont le modèle est la maximisation de la valeur pour les actionnaires. La productivité était mon principal atout: c'est formidable pour une machine, mais pas pour un être humain!”

Pourquoi la confection? Eric avait toujours peiné à trouver des pantalons bien ajustés à ses jambes d'ex-footballeur. Après s'être fait faire un costume sur mesure, il ne voulait plus du prêt-à-porter.

Sans expérience de couture, il se forme: avec une couturière privée d'abord, puis au Fashion Institute of Technology. En avril 2014, il démissionne de J.P. Morgan. Près de trois ans plus tard, il a, par “le seul bouche à oreille”, une centaine de clients. Il espère pouvoir bientôt facturer ses pantalons au “prix du marché”, environ 400 $ pièce. Et alors, il pourra engager des employés. Il promet de bâtir avec eux une entreprise plus “holistique”, où “seront gagnants tous les participants” : salariés, clients, investisseurs, et fournisseurs. Et « pas seulement les actionnaires ».