Le film "Ça" accusé de ruiner la carrière des clowns professionnels

Le clown maléfique revient sur le grand écran en septembre pour une nouvelle adaptation du livre de Stephen King, sorti dans les années 90. Aujourd'hui, des clowns professionnels du monde entier s'insurgent contre le message du film d'horreur qu'ils accusent de nuire à leur image.
par
Paul-Henri
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"Des écoles et des bibliothèques ont annulé les shows de [plusieurs clowns]", a expliqué Pam Moody, la présidente de l'Association Mondiale des Clowns (The World Clown Association). En évoquant ces annulations, cette dernière ne fait pas directement référence aux personnes qui se sont déguisées en clowns pour effrayer les passants en 2016, mais plutôt à la source qui a inspiré ce canular mondial: le remake du film d'épouvante Ça qui sortira dans les salles belges le 6 septembre.

Origine de la clown-phobie

 

Ce film est inspiré du roman du même nom écrit en 1986 par le célèbre auteur Stephen King. Ça est devenu culte grâce au téléfilm de Tommy Lee Wallace sorti aux États-Unis en 1990. "Pour ma génération, ce film a lancé des cas de coulrophobie (peur excessive des clowns) jamais dévoilés" a expliqué Scott Wampler, blogueur de film et fanatique de Stephen King. Pour les enfants des années 80 comme lui, c'était leur première expérience avec un film horreur.

Même si Ça n'est pas le seul à avoir introduit la caulrophobie, il l'a rendu populaire. C'est ce qui inquiète Pam Moody de l'Association Mondiale des Clowns (AMC): pour elle, le personnage Pennywise (le clown) est le premier élément qui a suscité la peur collective des personnages du monde du cirque. Elle rajoute que celui-ci ne reflète pas la réalité de la profession.

Entre sensibilisation et relativisme

La nouvelle adaptation du film serait le mauvais de coup de publicité de trop, surtout suite à un été 2016 difficile avec une série de canulars organisés par des faux clowns effrayants aux États-Unis et en France. Le public ne ferait plus la différence entre ces petits malins et les professionnels. Pam Moody en donne un exemple: l'un des membres de l'AMC, invité pour animer une fête d'anniversaire a été encerclé dans son véhicule par quatre policiers alertés par des appels inquiets du voisinage.

Après ce genre d'épisode, la présidente propose donc un document en anglais appelé "L'ACM se dresse contre les clowns effrayants" afin de sensibiliser le public sur le sujet. "Le personnage de films d'horreur Jason (i.e. Jason Voorhees, le personnage principal de la série de films Vendredi 13) porte un masque de gardien de but de Hockey. Mais les gens se tromperaient s'ils pensaient qu'il était vraiment un joueur de hockey ! Nous réfutons toute relation avec ces personnages horrifiques." Le manifeste revient sur la réelle définition d'un clown: un artiste qui "apporte à son audience une expérience joyeuse, créative, attentionnée, positive et amusante." 

AFP PHOTO / Alfredo ESTRELLA

Pourtant l'auteur de Ça insiste de son côté depuis longtemps sur le fait que Pennywise ne serait pas responsable de la coulrophobie généralisée: "Les clowns sont énervés contre moi. Désolé, la plupart sont super. MAIS... Les enfants ont toujours eu peur des clowns. Ne vous trompez pas de cible" a tweeté Stephen King.

En dépit de la polémique, surtout à un mois de la fête Halloween, cette opposition des clowns professionnels donnera un coup de pub au nouveau film.