La protection civile se spécialise…mais s'effrite

Sujet brûlant de la rentrée politique, la réforme de la Protection Civile prévue pour janvier 2019 affectera toutes les unités qui la composent. Parmi elles, la « CBRN » anticipe déjà les changements futurs. Mais dans ce dossier, la Région bruxelloise n'a pas dit son dernier mot.
par
Gaetan
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Évacuation et transport de produits dangereux, dépollution de sites accidentés, gestion d'incidents nucléaires,… Qu'il s'agisse de décontaminations du sol, de l'air, de l'eau ou de n'importe quelle surface, l'unité CBRN de la Protection Civile (PC) est l'expert public de référence en matière d'interventions impliquant des produits chimique, biologique, radiologique ou nucléaire (CBRN).

Ses tâches sont variées et nombreuses mais la situation devrait quelque peu changer prochainement. La Protection civile subira en effet un ravalement de façade avec la réforme engagée par le gouvernement fédéral et qui devrait être actée dès janvier 2019.

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Second couteau, aiguisé

Le gouvernement Michel entend faire des différents services de protection des citoyens des forces de frappe mobilisées pour supporter les équipes de secours de première ligne (pompiers, Défense, police ou opérateurs 112).

Ce rôle d'unités spécialisées est une volonté partagée par le Chef adjoint de la composante CBRN basée à Crisnée, Simon Henrard : « L'évolution industrielle et la menace terroriste transforment progressivement les prérogatives de nos agents. Le fait qu'on aille vers une spécialisation des membres de la protection civile, qui sont amenés pour l'instant à exercer plusieurs types de missions, est une bonne chose ».

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Désormais, la Protection Civile serait divisée en trois clusters distincts (« Search and Rescue », « CBRN » et « Heavy Support et Crisis Management ») qui effectueront des opérations chirurgicales ou de longue durée. Des bruits de couloirs politiques laissent entendre que les derniers attentats qui ont frappé l'Europe ont -si pas induit- accéléré cette volonté de restructuration. Un désir d'expertise en situation de crise qui se cristallise au quotidien par des formations et des congrès orientés sur les produits explosifs, dangereux, toxiques,…au sens large dédiés à la thématique terroriste.

Bruxelles « à l'abandon »

Mais la réforme ne contente pas toutes les entités fédérées. Là où le bât blesse, c'est que l'institution publique verra ses effectifs sucrés de 30% tandis que seules deux casernes (Crisnée en Wallonie et Brasschaat en Flandre) subsisteront sur les six actuellement opérationnelles (Jabbeke, Liederkerke, Ghlin et Libramont).

Ces démarches paradoxales ont aussitôt déclenché une levée de boucliers de politiques qui regrettent un « démantèlement de la Protection Civile » et « l'abandon de la Région bruxelloise ». Plusieurs élus ont effet pointé le manque d'unité disponible à proximité de Bruxelles, désormais dépendante de Brasschaat (au nord d'Anvers). Dans un contexte terroriste, le gouvernement bruxellois a dénoncé les délais supplémentaires -et donc un manque d'efficacité sécuritaire- nécessaires en cas d'interventions liées à d'accidents ou des attaques dans la capitale.

La Région entend -une nouvelle fois- déclencher une procédure en conflits d'intérêts avant le comité de concertation du 6 septembre prochain, histoire de suspendre la procédure législative pendant 60 jours et déclencher une concertation entre les différents niveaux de pouvoir.

Que faire en cas d'incident ‘CBRN' ?

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Confronté à un accident et à une contamination, le citoyen lambda ne doit pas céder à la panique. Le mot d'ordre consiste à surtout ne pas contaminer d'autres personnes ou lieux. Appelez le 112, évitez donc de vous rendre dans l'immédiat à l'hôpital, un lieu sujet à de rapides propagations. Avant tout autre chose, les spécialistes recommandent donc d'attendre les secours. Généralement, les premiers gestes à adopter consistent à retirer ses vêtements et rincer la partie touchée. Dans plus 95% des cas, l'eau se révèle être un excellent premier soin. Elle sera d'ailleurs utilisée par les professionnels de la décontamination dans des mélanges qui varieront en fonction des produits toxiques à traiter.

 

 

Gaëtan Gras