Quand l'école résiste à la radicalisation

À l'heure où des signes de radicalisation ont été signalés dans une école maternelle en Flandre Orientale, les établissements scolaires peinent toujours à faire face à la radicalisation. Et pour cause: il s'agit phénomène complexe et polymorphe auquel seule une réponse individualisée peut être apportée.
par
Gaetan
Temps de lecture 3 min.

Tous les experts qui se frottent à la radicalisation au quotidien s'accordent à le dire: chaque cas nécessite une approche individualisée. Aucune grille de lecture ne permet de déceler avec certitude des cas de radicalisation. L'école n'échappe pas au phénomène et pour y répondre, les initiatives sont nombreuses. Certaines ASBL agréées fournissent aux établissements scolaires des formations en vue d'habiliter les enseignants à déceler et combattre ce phénomène (encadré ci-dessous). D'autres élaborent des activités culturelles ou des supports audiovisuels (films, documentaires, pièces de théâtres, etc.) ou soutiennent des projets de sensibilisation et de prévention.

Dans tous les cas, l'action des pouvoirs publics vise à renforcer leurs résistances morales aux dangers de ces radicalismes violents et à assurer leur éducation citoyenne.

Conserver le jeune à l'école

Contacts de deuxième ligne mobilisés à la demande d'une école, les équipes mobiles de Direction générale de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles agissent au «cas par cas». Cette unité sert principalement, d'après sa directrice générale adjointe Anne Hellemans, «à outiller l'administration à garder contact avec l'enfant, à créer du lien entre l'école et la famille». «Notre réponse différera si l'élève est en partance pour la Syrie ou s'il présente des premiers signes de radicalisation», martèle notre interlocutrice.

En étroite collaboration avec les équipes éducatives des différents établissements scolaires, ses agents analysent les inquiétudes. Si elles se révèlent fondées, elles sont transmises aux autorités policières ou d'aide à la jeunesse. Mais dans tous les cas, la priorité consiste à conserver le jeune dans le système scolaire. «Ceux qui s'intéressent à la problématique savent qu'elle est étroitement liée aux ruptures (familiale, sociétale, etc.). Donc on doit absolument éviter la rupture scolaire au risque de perdre définitivement l'enfant.»

Malgré cette armada de dispositifs pédagogiques et de personnes-ressources disponibles pour épauler les enseignants, la plupart d'entre eux se disent mal informés de leur existence et démunis face aux élèves qui empruntent la voie d'un radicalisme religieux, qui rappelons-le, n'est pas un délit synonyme d'emprisonnement.

Professionnels à l'écoute

AFP / A. CABALLERO-REYNOLDS

Un réseau de Prévention des Extrémismes et des Radicalismes Violents a été mis en place dès le 2 janvier 2017 « afin de développer une approche transversale de la prévention ». Il comporte notamment le Centre d'Aide et de prise en charge de toute personne concernée par le Radicalisme et l'Extrémisme menant à la violence (CAPREV) qui sert de supports aux professionnels ou aux particuliers qui doivent faire face à des cas suspects. Joignable via un numéro gratuit et confidentiel (0800/111.72) accessible de 8 à 18h, cette cellule dispose d'une équipe pluridisciplinaire qui oriente ses interlocuteurs vers des contacts « ressources » capables de répondre à leurs demandes.

Gaëtan Gras