Chassepierre: des artistes dans la prairie

À Chassepierre, les rues du village sont envahies chaque année durant un week-end par des conteurs, des acrobates, des clowns, des funambules, des danseurs,... Depuis maintenant plus de 40 ans, ce petit coin de Gaume est le théâtre à ciel ouvert du plus grand festival d'arts de la rue de Belgique. Mais le festival se prépare toute l'année.
par
Nicolas
Temps de lecture 2 min.

Ce week-end, plus de 50 compagnies des quatre coins d'Europe remettent le couvert avec des propositions toutes plus originales les unes que les autres. Les bords de la Semois et le cœur du village accueilleront un public avide de sensations et d'émotions. La popularité de l'événement n'est donc plus à démontrer. Mais pour la directrice artistique du festival, il fallait aller plus loin dans l'accueil et l'accompagnement des artistes. Depuis maintenant

deux ans, Charlotte Charles-Heep, qui a pris en 2014 la succession d'Alain Renoy, poursuit une politique de résidence artistique, un accueil bienvenu pour le secteur qui peine parfois à trouver des terrains de répétition et d'essai.

Les Chaussons Rouges - Ph. Claude Esselen

Oiseaux de bonne augure

Ainsi, en avril dernier, les habitants de Chassepierre ont vu de drôles d'oiseaux se poser sur un fil tendu dans la prairie bien connue des festivaliers. Il n'est pas rare que les passants s'arrêtent pour observer le ballet aérien de ces équilibristes inattendues dans ce cadre de verdure en cette période de l'année.

La Compagnie des Chaussons rouges présentera ce week-end à Chassepierre sa dernière création « Hircus » qui explore les limites du temps. Armées de leur long balancier, les trois artistes déambulent avec aisance et légèreté. Venir sur le terrain du festival pour pouvoir apprivoiser ce câble dans les conditions réelles du spectacle est une occasion rare. Car c'est souvent ce qui fait défaut aux créateurs : manque d'espaces de répétition, de temps ou encore de regards extérieurs essentiels pour créer dans des conditions professionnels.

« Venir à Chassepierre fut une aide artistique mais aussi logistique », nous confie Marta Lodoli, l'une des fondatrices de la compagnie avec Audrey Bossuyt. Liisa Naykki complète le trio se ce nouveau spectacle. « Nous avions besoin de tendre notre fil sur 32 m, et c'est quasiment impossible de trouver ça à Bruxelles par exemple », où la compagnie est installée. Les trois ont profité du calme du village et aussi d'un cadre de travail

idéal. « Ce cadre fournit un souffle et une énergie qui nous a aidées pour construire ce spectacle. Nous n'avions pas à nous inquiété du logement ou de remplir le frigo. » Une seule chose en tête : créer.

L'accueil toute l'année

Cet accueil méritait un retour aux hôtes. Les Chaussons rouges ont offert en avant-première le fruit de leur travail lors d'une sortie de résidence publique. Un cadeau pour tout un village qui se mobilise pour fêter les artistes, désormais toute l'année. Ce type de première est aussi utile pour la compagnie qui obtient une première interaction et des commentaires pour ajuster. Un spectacle a besoin de se roder et les organisateurs de Chassepierre l'ont bien compris.

Avec cette nouvelle dynamique de coproduction, le festival entend mieux armer un secteur qui ne bénéficie pas encore d'un soutien à la hauteur de celui accordé à d'autres branches du spectacle vivant (théâtre, danse, etc.). Avec ses moyens, Charlotte Charles-Heep et son équipe ont pu coproduire deux spectacles.

Les Commandos Percu - Ph. D. R.

Outre les Chaussons rouges, Chassepierre a accueilli aussi les Commandos Percu, un ensemble explosif de percussions et de pyrotechnie que l'on pourra apprécier aussi ce week-end. Pendant deux jours, petits et grands verront notament un dragon (Titanos et Imprimerie de la Nasa), un chemin de lumière sur l'eau (Dwaallicht), une piscine bien trop petite pour deux clowns (Super Super) ou encore une accordéoniste sur monocycle (Lucie Carbonne). À Chassepierre, la rencontre se fait au détour des rues et des méandres de la rivière.

Les 19 et 20 août.

Nicolas Naizy