Les gants de boxe "made in Mexico" d'une légende nommée Mohamed Ali

Derrière l'un des derniers combats de la légende de la boxe Mohamed Ali, il y a des mains, celles de Ruben Albarran. C'est lui qui a découpé puis cousu, dans la banlieue de Mexico, les gants que le célèbre boxeur a utilisé pour regagner son titre.
par
Camille
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A quinze ans, Albarran se rêvait lui aussi en boxeur de légende. Mais son père l'en a dissuadé d'un cinglant: "tu es fou!". Alors il a mené une carrière au plus près de sa passion. Dans l'atelier de Cleto Reyes, il a fabriqué des gants pour les poings des plus grands boxeurs. parmi eux, Cassius Clay (nom de naissance de Mohamed Ali). "Ca a été parmi les premiers gants que j'ai fabriqués", se souvient Albarran. "Quand j'ai vu le combat (de Mohamed Ali), cela m'a ému", se souvient-il.

AFP / B. Montoya

"Je ne combats pas si je n'ai pas les gants de Cleto"

"Ils avaient déjà un contrat avec une marque", raconte à Alberto Reyes, le fils du fondateur. Mais Cassius Clay a dit "je ne combats pas si je n'ai pas les gants de Cleto", assure-t-il. Sponsors et manager n'ont eu d'autre choix que de céder à la star. Ils l'ont autorisé à utiliser les gants mexicains, à condition que la marque soit dissimulée par un ruban adhésif.

 

Mais une fois sur le ring, Ali a demandé à son entraîneur, Angelo Dundee, de retirer l'adhésif. Son image, en sueur, résistant aux coups du jeune Spinks avec les gants mexicains aux poings, a fait le tour du monde.

Tyson, Chavez, Duran, et... Rocky Balboa

Cette publicité fut plus que suffisante pour promouvoir la marque que d'autres boxeurs ont alors utilisé. L'Américain Mike Tyson, le Mexicain Julio César Chavez, le Panaméen Roberto Duran surnommé "mains de pierre" et même le fameux Rocky Balboa, boxeur de fiction interprété au cinéma par l'acteur américain Sylvester Stallone, s'y sont mis.

AFP / B. Montoya

Comme Albarran, Cleto Reyes, le fondateur de la marque, a envisagé une carrière de boxeur professionnel. C'étaient les années 1930 et la boxe mexicaine brillait au firmament grâce à Juan Zurita et Rodolfo Casanova. A cette époque, un amateur pouvait grimper sur le ring pour tenter sa chance. Reyes fut un de ces boxeurs "spontanés". "Il est monté et a combattu. Il a résisté trois rounds" avant d'être corrigé par son adversaire, raconte son fils.

Crin de cheval

La fabrication du gant commence par la sélection du cuir. Il arrive à l'atelier de différentes couleurs, même si la couleur rouge est le symbole de la marque. "Nous ne pouvons pas permettre qu'un gant se rompe en plein combat" explique M. Reyes pour justifier l'attention portée à la qualité du cuir.

Ensuite, les travailleurs des usines de Ecatepec et Toluca, près de Mexico, découpent les pièces pour les coudre et les remplir afin de leur donner forme. La garniture contient de la mousse et du crin de cheval, des matériaux qui évitent des blessures aux adversaires, explique le patron de Cleto Reyes, dont les gants professionnels se vendent 1.380 pesos (environ 75 $).