BigFlo et Oli: «On a voulu retourner à l'essentiel»

Après avoir été couronnés d'un disque d'or et de platine pour «La cour des grands», le duo toulousain BigFlo et Oli fait son retour sur le devant de la scène. Abouti, plus mature et dans la continuité naturelle du premier, «La vraie vie» des deux frères se positionne déjà au sommet du top albums depuis trois semaines.
par
Laura
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À quoi ressemble votre quotidien aujourd'hui?

BigFlo: «Il y a la vie normale et il y a la vie BigFlo et Oli. D'un côté on fait des salles complètes, on rencontre nos idoles, on fait des télés… Et de l'autre, on est toujours à Toulouse avec les mêmes potos, et les mêmes soirées durant lesquelles on se fait des fois refouler de boîtes.»

Ph. Fifou

Le regard des autres a-t-il changé?

Oli: «Oui, ils sont plus exigeants avec certains de nos comportements.»

B.: «On n'a vraiment pas le droit à l'erreur. Mais on reçoit beaucoup de messages de soutien auxquels on ne peut malheureusement pas toujours répondre ou qu'on rate. C'est vraiment pour ça qu'on a écrit la chanson ‘Répondez-moi‘.»

Vous avez l'impression d'avoir un devoir vis-à-vis de vos fans?

B.: «On a une responsabilité par rapport aux mots de nos chansons. On est écouté par des millions de personnes et une grande partie de notre public a entre 15 et 20 ans.

«La vraie vie» est un album beaucoup plus intime comme en témoigne la chanson «Papa».

B.: «On s'est rendu compte qu'en parlant de trucs personnels on pouvait toucher les gens. C'est quelque chose qu'on n'avait pas trop compris sur le premier. Pour ‘Papa', on ne pensait pas que les gens allaient être touchés par ce morceau. C'est une grande surprise.»

Vous vous êtes également autorisés une plus grande diversité de styles.

O.: «Oui, une plus grande ouverture musicale. On a assumé nos influences latines et le chant. Il y a plus d'instruments, de quatuors à cordes et de mélodies. On se l'interdisait beaucoup sur le premier album où on voulait rester hip-hop basic.»

Vous vous êtes sentis obligés d'aborder certains sujets pour plaire?

B.: «Au début, on était dans cette optique-là. Puis on a tout envoyé balader alors qu'on avait déjà commencé l'album depuis un mois. On a voulu retourner à l'essentiel, faire un morceau avec papa, parler des potos, du collège et de l'école primaire. L'album s'est construit petit à petit comme ça. Pour se sauver un peu de cette pression, on s'est rassurés dans les choses que l'on connaissait le mieux, c'est pour ça aussi que l'album s'appelle ‘La vraie vie'».

Dans «Personne», vous évoquez le rap d'aujourd'hui. Vous vous considérez comme des OVNIS de la scène rapactuelle?

B.: «Ouais complètement. On aime bien plein de morceaux mais on n'est pas dans le même délire.

Dans le morceau ‘La vraie vie', vous dites qu'Orelsan, votre rappeur préféré, vous a refusé une collaboration. Rancuniers?

B.: «On voulait vraiment l'avoir sur cet album. Ça nous a pas mal déprimés alors on a décidé de transformer cet épisode malheureux en force. C'est en partie pour ça qu'on est revenus avec un son de huit minutes où ça rappe un peu cru. Perso, j'ai été très surpris des retours parce qu'il a fait un million de vues en 24 heures.»

Collaborer avec Stromae, Joey Starr ou encore Busta Rhymes, ça redonne confiance?

B.: «Ça fait plaisir mais il n'empêche que je voudrais toujours Orelsan. Joey Starr nous a dit oui même avant d'écouter le morceau. Il valide ce qu'on est, et n'a fait pas fait de chichi sur le morceau. Busta Rhymes, c'était différent.»

En quoi?

O.: «C'était moins glamour.»

B.: «On a dû refaire plusieurs fois la prod! Au bout de deux mois et demi il nous recontacte en disant qu'il était chaud et nous a donné son prix… Ah oui parce qu'il faut les payer les Américains.

O.: «Mais c'était vraiment le truc inatteignable qu'on a réussi à faire.»

B.: «C'est un peu l'histoire de BigFlo et Oli. On vient de Toulouse, du conservatoire, on a des gueules assez chelous et rien ne nous prédestinait à devenir des noms du rap français, des disques d'or ou de platine. Et on y a tellement cru et fait tellement à fond que ça marche.»

Et la rencontre avec Stromae?

B.: «Stromae, c'est une autre histoire on l'a payé encore plus cher (rire). On est fans de lui depuis toujours.»

O.: «On a appris qu'il commençait à travailler avec d'autres gens et du coup est allés boire un verre avec lui à Bruxelles.»

B.: «Ça remet les idées en place quand tu rencontres un mec simple comme Stromae, qui a vendu cinq millions d'albums. Si lui est comme ça, nous, on n'a pas d'excuse.»

Que voyez-vous pour la suite?

B.: «On veut tester de nouvelles choses comme par exemple, faire notre propre film.»

Ça rappelle forcément le projet d'Orelsan et de son film.

B.: «Ouais, Orel a ouvert une porte pour tout le monde dans le rap. Il y a toujours eu un rapport particulier entre le rap et le cinéma. Les BO de rap dans certains films comme ‘Taxi' sont devenues légendaires.»

Et côté musique?

B.: «On aimerait aussi produire des artistes. Maintenant qu'on a notre place et qu'on a de l'expérience, il y a beaucoup de jeunes artistes qui viennent nous demander conseil. Ça nous plairait de dénicher des talents.»

Et si tout devait s'arrêter demain?

B.: «Je prendrais une maison dans le Gers pour faire un point sur ma vie puis on créera un autre groupe.»

O.: «Je travaille aujourd'hui pour être sûr que ça ne s'arrêtera pas demain.»

 

Révélation incontournable du rap français en 2014, BigFlo et Oli confirment aujourd'hui leur incontestable talent. Plus jeunes rappeurs d'Europe à être disque d'or, les Toulousains assument désormais leur titre d'artistes hétéroclites dans leur second album «La vraie vie». Plus confiants et matures, c'est donc naturellement sans filtre, que le duo alterne rap brut, solo, refrains chantés et sonorités latines afin de livrer un album touchant comme en témoigne la chanson «Papa». Une véritable réussite à laquelle ont d'ailleurs souhaité collaborer Joey Starr, Stromae ou encore Busta Rhymes, une première.

 

BigFlo et Oli seront présents au Ronquières Festival le 5 août.