Terrorisme : Comment détecter des comportements suspects?

En complément des dispositifs matériels et technologiques installés dans les «lieux à risques» dans le cadre de la lutte antiterroriste, l'analyse comportementale devient cruciale pour les services de sécurité.
par
Gaetan
Temps de lecture 3 min.

«Lorsqu'un terroriste se prépare à l'acte, cela se voit sur son visage, il est nerveux», a signalé le ministre de l‘Intérieur Jan Jambon lors de la présentation des nouveaux portiques de sécurité et des dispositifs à rayons X installés à Bruxelles-Midi, Anvers-Central et Liège-Guillemins.

Alors que des agents de la police des chemins de fers et de la police fédérale sont formés pour déceler des comportements suspects, la population est régulièrement invitée à signaler des comportements «anormaux» malgré son manque de compétence.

Pour ne pas tomber dans le délit de faciès ou plonger -même involontairement- dans une quelconque discrimination, la Commissaire Divisionnaire (Directrice SPC) des chemins de fer Stephanie Silvestre nous aide à déchiffrer certains comportements qui méritent une attention particulière.

Les comportements suspects sont-ils détectables par n'importe qui?

Au sein de nos services, ce travail est soit effectué par des patrouilles virtuelles – derrière leurs caméras- soit par des patrouilles en civile sur le terrain. On reçoit des formations de trois à quatre jours pour détecter ces attitudes suspectes. Ces formations nous aident à analyser l'environnement, le comportement ou les attitudes suspectes.

Avez-vous des exemples?

Alors de façon générale, une personne qui évite des services de sécurité n'envoie pas de message positif. Un individu qui change de chemin à la vue d'un contrôle, d'un policier ou d'un chien fera l'objet d'une attention marquée. Autre exemple, si une personne porte une grosse veste d'hiver en plein été et qu'il fait 30º, son comportement sera considéré comme anormal. Les incohérences entre le passager et sa destination questionnent aussi. Parfois des détails insignifiants s'ils sont pris séparément seront troublants s'ils sont mis bout à bout. Ce qui mènera à un contrôle minutieux.

L'individu au comportement anormal sera-t-il directement appréhendé, une fois repéré?

Non, pas forcément. Une fois repéré, l'individu suspect sera d'abord suivi pour observer si son attitude est différente du commun des mortels. Il sera surveillé attentivement. On n'est jamais à l'abri d'un mauvais jugement. Mais si son comportement suspect est persistant, alors nous l'apostropherons.

Concrètement, en quoi consistent les formations dispensées aux agents?

Pour le moment, c'est un module dispensé par l'académie nationale de la police fédérale qui consiste à mimer «in situ» des situations que l'on pourrait potentiellement vivre dans des gares, dans des festivals ou d'autres événements. Des agents sont sélectionnés et recrutés au sein de nos services car il faut avoir des dispositions (sens de l'observation, naturel calme, être réfléchi) pour suivre une formation de ce type. Et ces agents désignés comme «trainer» formeront à leur tour leurs collègues.

Ces formations évoluent-elles? 

Pour la police des chemins de fer, ces formations sont dispensées depuis quelques années et elles sont adaptées régulièrement. Je dois à peu près envoyer 400 agents en formation. Dans les gares internationales, la quasi-totalité des inspecteurs devraient recevoir ces formations. C'est une priorité.

Gaëtan Gras