Les réfugiés syriens font tourner le petit commerce libanais

Les petits commerces au Liban ont repris vie grâce à un boom des achats de réfugiés syriens bénéficiant de cartes de débit distribuées par l'ONU.
par
Pierre
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Créditées de 27 $ par mois et par personne grâce à une initiative du Programme alimentaire mondial (PAM), ces cartes sont uniquement destinées aux achats alimentaires.

Un autocollant bleu de la PAM -qui a lancé ce projet en 2012 avec quelque 500 magasins partenaires à travers le pays- est collé sur la vitrine épicier Ali Khiami, dans le sud de la capitale. Le commerçant de 55 ans, qui a embauché six employés supplémentaires, s'est adapté à sa clientèle: il vend du beurre clarifié, de la halva (une confiserie orientale), et beaucoup de thé, dont "les Syriens raffolent".

Avec quelque 700.000 réfugiés bénéficiaires au Liban, ce programme est une aubaine pour des petites épiceries qui vivotaient. Pour les réfugiés, la carte s'avère plus pratique que les coupons alimentaires distribués auparavant, qu'ils devaient dépenser en une seule fois.

Oum Imad affirme se sentir "indépendante" grâce à sa carte, valide cinq ans et qu'elle doit présenter au magasin avec son certificat du Haut-Commissariat aux réfugiés.

Une présence qui divise

Le Liban a été salué à plusieurs reprises pour sa générosité envers les réfugiés syriens -environ un million selon l'ONU, soit un quart de la population-, mais leur présence donne souvent lieu à des commentaires teintés de xénophobie.

Pour certains, ces personnes ayant fui la guerre représentent un fardeau pour un pays lourdement endetté, mais pour d'autres, ils contribuent à l'économie à travers leurs achats et la location d'appartements.

Omar al-Cheikh, un commerçant partenaire du PAM depuis quatre ans, affirme toutefois avoir perdu 20% de sa clientèle libanaise dans son commerce à Noueiri, dans l'ouest de Beyrouth. "Ce sont des êtres humains. Leur pays est en guerre, nous devons les aider", affirme l'homme de 45 ans.

Tous les mois, le PAM envoie aux magasins partenaires une liste de prix indicatifs afin d'être compétitifs. Depuis 2013, les réfugiés syriens ont dépensé près de 800 millions € dans ces magasins, selon l'agence onusienne.

De quoi allécher des entreprises libanaises de plus grande taille: trois chaînes de supermarchés ont passé contrat avec le PAM, comme l'UCCM qui possède 36 magasins dans le pays. Pour attirer les réfugiés syriens, ces supermarchés ont choisi de leur accorder une remise de 7%.