Valérie Trierweiler écrit un premier roman (très) mélancolique

Près de trois ans après ‘Merci pour ce moment', Valérie Trierweiler a décidé de tourner la page et d'écrire son premier roman. Tourner la page? On ne peut s'empêcher de trouver beaucoup de similitudes avec son héroïne Adèle Bloch-Bauer. À moins que ça soit les histoires d'amour qui, au fond, sont universelles.
par
Maite
Temps de lecture 5 min.

Pour un premier roman, et avec tout ce qui s'est passé dans votre vie, pourquoi avoir voulu vous plonger dans la mélancolie? Vous n'aviez pas envie d'écrire quelque chose de beaucoup plus joyeux?

«J'aime la tristesse et la mélancolie dans la littérature. C'est ce qui m'attire le plus. Au début, je ne connaissais rien d'Adèle (Adèle Bloch-Bauer est le modèle du tableau ‘La Dame en or' de Gustav Klimt). Ce qui m'a inspiré, c'est son regard mélancolique sur le tableau ‘La Dame en or'. Quand j'ai commencé mes recherches, je ne savais pas à quel point sa vie avait été triste et remplie de noirceur. J'aime la noirceur dans la littérature. C'est une façon de voir la vie en rose. J'aime pleurer au cinéma.»

Votre prochain roman sera aussi mélancolique?

«Peut-être. J'ai une idée. Et effectivement, cela part d'une histoire très difficile. Mais ça sera plutôt dans l'idée de résilience. Comme l'histoire d'Adèle qui veut renaître, revivre à travers une histoire d'amour.»

On ne sait pas si Gustav Klimt et Adèle ont eu une histoire d'amour. Quelle est la part de vérité dans votre roman?

«J'ai voulu qu'on ne sache pas ce qui est vrai ou faux. C'est un roman. Le mystère m'a attiré car en réalité, personne ne sait ce qui s'est passé entre eux.»

On n'a jamais retrouvé de lettres?

«Non, on n'a rien retrouvé. Personnellement, je crois qu'elle a brûlé beaucoup de choses avant de mourir. C'est une époque où on écrivait beaucoup, où il y avait beaucoup de journaux intimes. Dans le cas d'Adèle, on n'a même pas retrouvé un journal intime. Ce mystère qui m'a attiré doit aussi attirer le lecteur. Je ne crois pas que ça soit utile de dire ce qui est vrai ou imaginé.»

Qu'est-ce qui vous a le plus plu lors de l'écriture: l'imagination ou les faits?

«Les deux. Je suis journaliste. Donc j'aime les faits, l'information, la réalité. Tout ça m'a permis d'avoir un cadre. Et de là, je peux le remplir comme je veux. C'est une immense liberté.»

Vous êtes partie à sa recherche. Vous avez été jusqu'à Vienne.

«J'ai ressenti le besoin d'aller sur les lieux. Vienne a changé, mais moins que les autres villes. Les bâtiments sont restés les mêmes sur la Ringstrasse. Le Belvédère, le château de Schönbrunn, etc. tout ça est toujours là. L'esprit de Vienne d'avant est encore là. Là où j'ai eu le plus d'émotion, c'est au cimetière. Et c'est finalement ce qui a le plus changé dans la ville. Au temps d'Adèle, il était tout récent.»

Vous expliquez dans les interviews qu'Adèle et vous, c'est une rencontre. En quoi?

«Déjà, dans sa vie de femme. On vient d'un lieu différent, d'une époque différente, d'un milieu différent. Mais elle reste une femme avec ses chagrins, avec les épreuves qu'elle traverse. Et puis, il y a l'amour qui est un thème universel, qui ne change pas au fil des siècles. L'amour entre deux êtres. On essaie de me comparer à elle. Il ne faut pas essayer de me comparer à elle plus que n'importe quelle autre femme.»

Mais vous comprenez qu'il est facile de trouver des similitudes entre vous et Adèle.

«Oui, je comprends. Mais ce serait estimer que je n'ai eu qu'un seul homme dans ma vie.»

Vous choisissez une histoire où il y a tromperie. Vous choisissez un homme qui est un homme à femmes.

«Oui mais dans l'histoire d'Adèle, on est dans tout autre chose, on est bien au-delà. C'est un peintre qui consomme ses modèles, exactement comme le faisait Rodin.»

Peut-on aussi trouver des similitudes entre vous et Adèle dans le côté féministe que vous décrivez?

«Oui bien sûr. En plus, j'ai poussé le côté féministe d'Adèle. Je ne sais pas si elle a réagi aux suffragettes. Mais dans les journaux d'époque, on en parlait beaucoup.»

Vous décrivez une scène très érotique. Pourquoi une telle scène en plein milieu de votre livre?

«Les peintures et les dessins de Gustav Klimt sont extrêmement érotiques. Klimt est le peintre de l'érotisme, de la femme fatale, de la chair et de la jouissance charnelle. Je pense qu'on passerait à côté du sujet ‘Klimt' si on n'y met pas de l'érotisme. Mais les gens sont surpris par cette scène. Ils ne s'attendent pas à ce que je puisse écrire ce genre de choses.»

Dans votre roman, les deux hommes de la vie d'Adèle sont complètement différents. Vous représentez le milieu conjugal avec Ferdinand qui est un homme droit, vieux-jeu, conservateur. Gustav, lui, représente l'extraconjugal, la passion. Pourquoi cette différence?

«Si Adèle est attirée par un autre homme, c'est qu'il est très différent de son mari. Sinon à quoi ça sert? C'est plus mon inconscient qui m'a fait écrire. Je n'ai pas voulu écrire ceci ou cela. C'est venu comme ça.»

Pourtant Ferdinand accepte beaucoup de choses: Adèle reprend son nom de jeune fille, elle veut être incinérée, etc.

«Il était fou amoureux d'elle. Il a même construit chez lui un sanctuaire pour elle. On l'envie finalement, Adèle. Elle a tout eu. Sauf la maternité.»

Notre avis

Adèle Bloch-Bauer a été le modèle du peintre Gustav Klimt. C'est son portrait qui est peint sur le célèbre tableau ‘La Dame en or'. Ce visage mélancolique a intrigué Valérie Trierweiler. Pourquoi a-t-elle l'air si triste?

Au fil des pages de son roman, on découvre une femme qui malgré les nombreux drames qu'elle a vécus est à la recherche d'amour, de vie, de passion. A-t-elle trouvé tout ce qui lui manquait dans les bras du peintre? C'est en tout cas ce que décrit Valérie Trierweiler.

La journaliste est partie sur les traces du modèle. Malheureusement, l'écriture à ‘fleur de peau' à répétition de la journaliste nous a quelque peu ennuyés, voire agacés. Dommage car l'histoire d'Adèle comme l'imagine la journaliste est assez intéressante. Adèle est une féministe du début de siècle qui vit dans une ville qui est cœur de l'histoire de la Grande Guerre. On espère que pour son prochain roman, l'auteure ne replongera pas dans une telle mélancolie. (mh) 3/5

«Le secret d'Adèle», de Valérie Trierweiler, éditions Les Arènes, 320 pages, 20€