Dans les pays riches, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté

Au sein des pays riches, un enfant sur cinq vit dans la pauvreté, et un sur huit fait face à l'insécurité alimentaire, souligne un rapport de l'Unicef. Un «constat frappant», aux yeux d'Olivier Marquet, directeur d'Unicef Belgique.
par
Camille
Temps de lecture 3 min.

Êtes-vous surpris par les chiffres de l'enquête de l'Unicef sur le chemin à parcourir pour remplir les Objectifs de développement durable fixés par l'Onu?

«Un enfant sur cinq, dans 41 pays riches, vit dans la pauvreté. À Bruxelles, un enfant sur trois est confronté à ce problème. Même quand on est conscient de la réalité socio-économique, ces chiffres surprennent. Je dirais même qu'ils sont frappants.»

 

Vous souhaitez sonner l'alarme?

«Le but n'est pas de dire que rien ne va, que la situation est dramatique, mais de se doter d'indicateurs afin d'évaluer objectivement la situation et voir comment elle évolue. Forcément, c'est un choc. Mais cela doit nous donner les outils pour améliorer les choses.»

 

Quels sont les points les plus problématiques en Belgique?

«Outre la pauvreté, qui est particulièrement préoccupante à Bruxelles, la Belgique fait face à des problèmes environnementaux, avec des niveaux élevés de particules fines dans l'air que nous respirons. Cela est un problème pour tout le monde. Mais les enfants sont particulièrement touchés. L'exposition à cette pollution en bas âge peut provoquer des problèmes pulmonaires tout au long de la vie (comme l'asthme, les emphysèmes…). Il est inacceptable de voir cela dans un pays développé. Les enfants de notre pays montrent également des problèmes psychiques. Cela se traduit par un taux de suicide important. Avec six suicides pour 100.000 enfants, la Belgique se classe 26e sur 41 pays étudiés. C'est interpellant.»

Vous pointez également du doigt les écarts qui se cachent derrière les moyennes.

«Je suis frappé par le niveau d'inégalité. Par exemple, la Belgique se classe 6e en matière d'enseignement à 15 ans. Cela veut dire qu'à cet âge, 72% des enfants ont acquis un certain nombre de compétences en langues et en mathématiques. C'est une moyenne honorable. Mais cela veut aussi dire que 28% des enfants n'ont pas acquis ces compétences! Cette situation va générer des difficultés d'intégration en devenant adulte, et, en définitive, de la pauvreté. Il est important de s'intéresser aux taux moyens de réussite, mais il faut également tenir compte de ceux qui en sont exclus.»

Qu'est-il possible de faire face à une telle situation?

«Nous recommandons aux gouvernements de mettre les enfants au cœur de leurs choix politiques, et de faire attention à ne laisser aucun enfant de côté. Cela vaut pour tous les pays développés, mais tout particulièrement pour la Belgique. De façon générale, il faut améliorer les différents indicateurs pour évaluer la situation, et utiliser les conclusions que l'on en retire pour adapter les politiques menées.»