Linkin Park se réinvente

Vingt ans après leurs débuts, Linkin Park poursuit sa longue tradition d'innovation à travers la sortie de son septième album studio «One more light». Un univers résolument plus pop marquant un véritable tournant dans leur carrière et qui ne laissera pas indifférents les fans de la première heure. Rencontre avec Chester Bennington, chanteur du groupe.
par
Laura
Temps de lecture 2 min.

C'est un album vraiment différent des précédents. Comment pourriez-vous le décrire?

Chester Bennington: «Il s'agit de la meilleure représentation de ce que nous sommes aujourd'hui. Au niveau du son, c'est complètement différent de ce que l'on a fait dans le passé. Si l'on prend chanson par chanson, la musique est définitivement plus inspirante, plus positive mais les paroles sont encore assez sombres.»

Vous avez également changé votre processus de création.

«Oui nous avons commencé par les paroles. La différence avec cet album, c'est que nous avons commencé à écrire nos chansons à partir de conversations que nous avons eues sur nos vies, nos expériences. C'est comme ça que nous avons eu de belles chansons. Les paroles auraient semblé bizarres en étant accompagnées de grosses guitares ou de cris juste parce que c'est quelque chose que nous avons fait dans le passé.»

20 ans après vos débuts, comment pourrait-on qualifier Linkin Park?

«Oh mon dieu, bonne question. Quand nous avons commencé nous étions encore des enfants. Je pense que Rob était adolescent à l'époque d'‘Hybrid Theory' et moi je devais avoir 25 ans. C'était il y a 20 ans et plein de choses sont arrivées. J'ai été marié la plupart du temps, j'ai eu six enfants. J'ai eu des hauts et des bas dans ma vie, les relations viennent et s'en vont tout comme les amitiés. À quarante ans, les gens commencent à vieillir autour de vous, des membres de la famille ou des amis meurent, tout ce genre de trucs.

Vous ressentez le besoin de vous confier sur votre vie et sur ce que vous avez traversé?

«Nous avons définitivement calmé le jeu. Je n'ai d'ailleurs plus les mêmes préjugés musicaux que j'avais à quinze ans. À cet âge-là, j'adorais le hip-hop et la musique pop rock. Pour moi, les Beattles c'était de la merde alors qu'aujourd'hui c'est mon groupe préféré. Un grand nombre de mes goûts et de mes perspectives ont changé. Chacun de nos albums a été écrit à un moment où nous souhaitions exprimer une émotion particulière. Si j'essayais aujourd'hui de faire un disque qui sonne comme il y a vingt ans, ça ne semblerait pas naturel, ce n'est pas ce que je suis maintenant.»

Donc c'est un style qui s'est imposé naturellement?

«Nous voulions aller vers une voie que nous n'avions pas encore testée auparavant. Avec 'Hybrid Theory', nous avons fait de la musique que nous voulions écouter et que personne n'avait jamais fait avant. Nous savions après 'Meteora' qu'il fallait montrer que nous n'étions pas seulement comme tout le monde nous décrivait. Bien évidemment, notre groupe a toujours mélangé des styles différents mais pas dans le sens dont je pensais que nous allions le faire. Notre parcours est vraiment allé dans tous les sens.» (rire)

N'appréhendez-vous pas la manière dont vos fans vont accueillir cet album?

«Pas du tout. J'aime nos fans mais je ne fais pas de la musique pour eux. Je le fais pour mon plaisir et parce que j'aime ça. Quand nous avons fait ‘Hybrid Theory' les critiques n'encensaient pas l'album comme c'est le cas aujourd'hui. Il était lourdement critiqué par plein de monde. Vingt ans plus tard c'est l'un des albums les plus vendus de tous les temps, c'est encensé par des millions et des millions de fans. Il y a quelque chose d'intéressant par rapport à la polarité que nous avons sur les gens. Ça a toujours été comme ça, il y a des gens qui adorent le groupe et d'autres qui nous détestent. À chaque fois que nous sortons un disque nos fans sont divisés. Lorsque nous avons présenté 'Meteora', dont 'Somewhere I belong' était le premier extrait, nous avons eu le même genre de réactions que pour 'Heavy'. D'un côté: «C'est sympa, c'est révolutionnaire etc.» et de l'autre «C'est quoi ce truc, je déteste». (rire)

Après vingt ans de carrière peut-on dire que vous êtes un groupe accompli?

«J'ai l'impression que nous sommes un groupe accompli, que nous avons maintenu une place spéciale dans l'histoire moderne du rock. Nous jouons devant plus de personnes que nous n'en avons jouées auparavant et ça continue d'évoluer. Il y a de la nostalgie mais aussi beaucoup de nouveauté. Si vous demandez à une centaine de personnes quelle est leur chanson préférée de Linkin Park, vous aurez sans aucun doute une centaine de réponses différentes. Beaucoup m'ont demandé si ‘Hybrid Theory' était mon album préféré vu que c'était le plus vendu. Ce n'est pas le cas. Il y a des choses de cet album que j'adore mais mon préféré est «One more lights». Pour moi c'est le meilleur recueil de chansons.»