"Deadtown" : Quand les frères Forman nous emmènent au Far West

Dans « Deadtown », les frères Forman recréent sous leur impressionnant chapiteau un nouveau Far West. Leur théâtre visuel plonge le public dans un monde de cow-boys et d'indiens dans le seul but de le faire rêver.
par
Nicolas
Temps de lecture 2 min.

C'est une imagerie partagée. On a toutes et tous vu dans notre vie un western, un film qui nous plonge dans l'Amérique des pionnier des grands espaces de l'Ouest où tout était à créer et à inventer, un monde de tous les possibles. Petr et Matej Forman ont pris cette promesse au mot en créant leur nouveau spectacle « Deadtown », visible à Latitude 50 à Marchin de mardi à samedi. Dans ce spectacle familial, les deux frères, fils du réalisateur Milos Forman, perpétuent leur folie créatrice dans des univers narrativement et visuellement forts. Ils sont partis de vieilles photographies et de films muets pour partir à la conquête de ces territoires hostiles mais emplis d'espérances.

Ph. I. Vodakova / J. Labrova / J. Lepsa

Une imagerie à recréer

« C'est un grand souvenir de notre enfance. On n'arrêtait pas de jouer aux cow-boys et aux indiens. Sans doute, plus on devient âgé, plus on revient dans notre jeunesse. Pourtant à chaque spectacle, on essaye d'entrer dans un univers fort qui nous donne beaucoup d'inspiration : 'Obludarium' s'inspirait des maisons de 'freaks', 'Les Voiles écarlates' nous emmenait à la mer en péniche », nous rappelle Petr, metteur en scène de « Deadtown ».

Ph. I. Vodakova / J. Labrova / J. Lepsa

Matej, scénographe principal et maître d'œuvre visuel, est resté à Marchin pour régler le montage. Car c'est tout un monde qui traverse l'Europe à bord de trois camions. Après Paris et Maubeuge et avant leur Prague natale, voilà les frangins qui installent leur chapiteau sur la place devant le pôle des arts du cirque et de la rue Latitude 50 installé sur les hauteurs hutoises. À chaque fois, il faut tout reconstruire, comme l'ont fait les aventuriers de l'Ouest. Et quand l'imaginaire s'en mêle, c'est encore mieux. « Ce sont tous des mondes qui nous font rêver tout en nous proposant une base de l'histoire, parfois concrète, parfois moins. Ces thèmes nous donnaient beaucoup d'espace pour exprimer notre fantaisie. Malgré le fait qu'il y ait eu beaucoup de films de western, on veille toujours à laisser de la place à votre imaginaire. Personne ne sait exactement comment c'était. »

Ph. I. Vodakova / J. Labrova / J. Lepsa

Autant réécrire l'histoire alors. « Deadtown », c'est l'histoire de Matej et Petr perdus dans les plaines arizoniennes. Dans un incroyable saut dans le temps, ils vont revivre cette époque perdue et fantasmée. Sur scène , il y aura des paysages grandioses, un saloon typique, des cow-boys, des indiens, des chevaux (un peu particuliers),... Et du beau monde aussi, plus de 15 artistes (danseurs, comédiens, musiciens et circassiens) joueront les habitants de cette bourgade du désert. Bref tout ce qui compose un imagier connu mais où la fantaisie doit demeurer.

Au public de s'émerveiller et de créer son histoire

Du cabaret, le spectacle en retient le mariage des disciplines, mais Petr ne veut surtout pas le ranger dans une case. « J'essaie de faire le maximum pour que les gens ne catégorisent pas ce spectacle. Ce n'est pas pour nous. Mais si vous dites que c'est un spectacle de danse, on exclut déjà une partie du public qui n'aime pas la danse contemporaine. Si vous dites que c'est un spectacle de cirque, cela peut amener du monde, mais il risque d'être déçu car il n'y a pas assez de cirque. Si vous dites que c'est un spectacle de marionnettes, beaucoup de gens vont penser que c'est pour les enfants. Je dis simplement: venez voir le spectacle ! On a utilisé beaucoup de nouvelles technologies. Mais elles ne sont là que pour mettre les acteurs dans une atmosphère particulière. On essaye de les utiliser pour amener les gens dans un monde assez excitant. »

Ph. I. Vodakova / J. Labrova / J. Lepsa

Terre de nouvelles frontières et d'immigrations, l'Ouest américain semble nous parler encore aujourd'hui, dans notre monde où tout semble à reconstruire. Mais les Forman ne nous imposent aucun message. « À vous de rentrer dans le spectacle », nous lance Petr Forman. « S'il y a un message dans ce spectacle, c'est de faire comprendre aux gens qu'il s'agit d'exprimer leur fantaisie. Ce ne sont pas des artistes qui créent, c'est vous qui créez les règles. Venez dans cet endroit et faites tout ce que vous voulez. Votre pouvez créer votre rêve par vous-mêmes, voire changer le monde. N'attendez pas que quelqu'un d'autre le fasse à votre place. Je crois que le théâtre aujourd'hui est un lieu où l'on peut encore faire ça. »

Tentés par l'aventure ? « Deadtown » est visible jusqu'au 28 mai à Latitude 50 à Marchin et sera l'un des spectacles-phares du Zomer van Antwerpen cet été.

Nicolas Naizy